Comment se simplifier la vie ?
Les îlots directionnels et les ronds-points, fréquents dans nos paysages, constituent des espaces parfois difficiles à entretenir, du fait de leur accessibilité, des aspects sécuritaires, de leur positionnement... Dans cet article, nous souhaitons vous proposer différentes pistes afin de vous aider à concevoir et gérer ces types d’espaces.
Une conception intégrant les spécificités locales
Qu’il se situe près d’une zone de prestige (maison communale, monument notable...), à l’entrée de la commune ou au contraire dans une zone excentrée, chaque rond-point ou ilot directionnel devrait avoir, outre sa fonction “routière” originale, une finalité paysagère spécifique : le type d’aménagement approprié y sera donc très variable.
De même, dès la conception, les possibilités en matière d’entretien devront être prises en compte : l’entretien sera-t-il géré en interne ou en sous-traitance ? Avec quelles disponibilités et compétences pour l’équipe en charge...? Tous ces éléments devraient être intégrés à la réflexion, l’entretien de ce type d’espace étant à inclure au sein d’un plan de gestion différencié défini au sein de la commune.
Focus sur la gestion différenciéeLa gestion différenciée (GD) des espaces verts consiste à adapter l’entretien des espaces en fonction de leur nature, de leur situation et de leur usage. Pour les services techniques, la GD se traduit par la mise en place d’outils de gestion communale basés sur des cartographies et un zonage, avec attribution de codes d’entretien. Ces outils permettent l’organisation des ressources matérielles et humaines, l’élaboration d’un planning annuel des tâches, ainsi que la création d’indicateurs de suivi pertinents). La gestion différenciée permet aussi de diversifier les types d'espaces verts, de favoriser la biodiversité tout en répondant aux enjeux liés à l’interdiction des herbicides et pesticides dans les espaces publics, Plus d'infos sur notre page sur la Gestion Différenciée. |
A chaque usage un aménagement adapté
Pour l’aménagement de nos ronds-points, il sera donc nécessaire d’estimer dans quelle catégorie d’usage et d’entretien nous nous plaçons, et de l’aménager en fonction. Voici quelques pistes d’aménagements.
Dans une zone excentrée et peu fréquentée
L'enherbement en fauchage tardif ou un semis de prairie fleurie indigène :
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Coûts et entretiens limités, refuge à la biodiversité et élément du maillage vert de l’entité...
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Attention aux types de mélanges et à leur évolution, tous ne seront pas pérennes de la même manière. Certains mélanges colorés sont attrayants mais il faudra accepter une simplification des coloris sur le long terme.
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Une bande maintenue tondue en bordure de la zone favorisera une meilleure acceptation de la population pour cet aménagement à connotation plus “sauvage”.
Dans de grandes zones de circulation, type terre-plein central d’une artère importante
Une plantation (mécanisée) de bulbes sélectionnés pour assurer des floraisons successives depuis mars à juin-juillet :
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Couts très variables selon les fournisseurs et les opérateurs, à comparer ;
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Entretien limité à la tonte d’une bande de propreté/sécurité pendant la période de floraison, puis fauchage de la zone plantées après fanaison des feuillages des bulbes estivaux.
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Possibilité de laisser la zone plantée poursuivre sa végétation sous la forme d’un “ilot en libre évolution” : après cette période très florifère, et en maintenant les abords bien entretenus, ce type de zone peut être plus facilement acceptée par la population et offrir ainsi un zone ressource pour les insectes polinisateurs pendant encore quelques semaines ou mois, tout en limitant l’entretien
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Différents types de mélanges sont disponible et pourront offrir une harmonie de couleurs cohérentes à la palette général de la commune
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Attention à privilégier les bulbes pérennes capable de se naturaliser : Galanthus, Crocus, Scilla, Narcissus, Fritillaria, Camassia, Allium sphaerocephalon, purple sensation et gladiators...
Dans les zones de grande visibilité, telles que l’entrée ou la sortie d’une commune :
Aménagement paysagé “mixte”, associant arbustes à fleurs ou à feuillage coloré et vivaces couvre-sols :
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Le rendu pourra être structuré “à la française” “à l’anglaise”, typé contemporain... Selon l’univers paysagé développé au sein de la commune
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Utilisez des arbustes à feuillages persistant pour maintenir la structure tout au long de l’année : Abelia grandiflora, Photinia fraserii , Elaeagnus ebbingei, Viburnum davidii, et Viburnum tinus, Choisya ternata , sarcococa, Nandina domestica, hypericum hidcote. Et en fonction de l’espace pourquoi pas Magnolia grandiflora, Pinus et Abies à petit développement, Quercus ilex... (petits arbres et arbustes adaptés à feuillage persistant).
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Utilisez des arbustes à feuillage coloré pour créer du relief dans vos aménagement : Elaegnus ebbingei à feuillage panaché, Physocarpus opulifolius doré ou pourpre, Cornus alba Variegata, Spiraea japonica à feuillage doré ou orangé, perovskia...
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Privilégiez les arbustes pouvant être menés en port libre ou dont la taille est limitée à un passage annuel, afin d’éviter un travail de tailles drastiques, chronophage et peu écologique.
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Veillez à sélectionner des plantes couvre-sol robuste et nécessitant peu d’entretien : Geranium macrorrhyzum, Persicaria affinis ou amplexicaulis, Vinca, Epimedium perralchicum, Nepeta...
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Attention selon l’emplacement aux plantes sensibles aux vents et à la pollution ou aux sels de déneigement;
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Pour faciliter l’entretien (arrosage et désherbage), paillez toujours vos aménagements, avec un matériau adapté et en quantité suffisante : broyats issus de vos tailles, écorces, copeaux.
Un rond-point ou un ilot situé dans une zone de prestige, par exemple bordant une maison communale ou un bâtiment historique clef aura intérêt à être aménagé comme tel, avec un fleurissement de prestige :
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Structures travaillées, floraisons abondantes, originalité... Nous retrouverons des aménagements dont la palette végétale et le caractère soigné nécessiteront un accompagnement horticole renforcé de la part des gestionnaires. À intégrer dans le plan de gestion des équipes “Espaces verts” de la localité;
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Dans ce type d’aménagement, une place de choix pourra être faite aux plantes annuelles, si possible accompagnées d’une structure permanente et sélectionnées aussi selon un critère mellifère : Verbena, Gaura, Cosmos, Salvia hybride, Scabiosa, Helianthus, Nigella, Bidens, Nepeta, Lobelia etc...
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Des vivaces florifère et des graminées graphiques pourront aussi avantageusement fleurir les espaces de prestige : Géranium hybride à longue floraison, Nepeta, Heuchera, Festuca glauca, Achillea, Sedum spectabilis, Hakonechloa macra, Stipa, Echinacea purpurea, Allium, Anémones hybrides, Narcissus, tulipe, allium d’ornement.
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La palette de couleur et le style choisi seront en cohérence avec l'atmosphère de la commune ; plus encore elles donneront le “LA” de l’ensemble des projets paysagés de la localité ;
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Ce type d’aménagement sera conçu comme une vitrine de la commune, il peut mettre en avant son caractère historique ou patrimonial, intégrer des œuvres d’arts... ;
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Un paillage sera là aussi à prévoir, mais il sera adapté au côté plus “délicat” de ce type de plantation : miscanthus, écorce de petit diamètre... ;
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A éviter : les suspensions, bacs et pyramides disposés sur des ronds-points et îlots non minéralisés. Lorsque que c’est possible, privilégier toujours la plantation en pleine terre ! Les plantations hors sols seront toujours plus sensibles aux intempéries et nécessiteront des arrosages conséquents et évitables !
Focus sur les bâches et les paillages minéraux : à éviter !
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D’autres types d’aménagement peuvent évidemment être installés, tels que des designs jouant sur des déclinaisons de graminées ou faisant la part belle aux arbustes indigènes ... Le tout étant donc que l’aménagement mis en place prenne sens en fonction de son usage, son emplacement et des disponibilités d’entretien de l’équipe en place !
Faux amis à éviter :Certaines plantes, utilisées traditionnellement dans les aménagements publics, parce que robustes et efficaces, se sont avérées invasives dans nos milieux naturels: elles sont à présent inscrites sur les listes noires ou d’alerte des plantes invasives en belgique: on évitera particulièrement : Prunus laurocerasus, Cotoneaster horizontalis, Mahonia aquifolium, Rhododendron ponticum, Rosa rugosa, Robinia pseudoacacia, Spiraea alba et x billardii Buddleja davidii, et plusieurs variétés d’aster. En savoir plus: Invasive Alien Species in Belgium: Species List (biodiversity.be)
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Enfin, dans le cadre de l’adaptation au changement climatique, les opportunités offertes par ces espaces “fonctionnel” devraient aussi être examinés : situé à proximité ou au sein d’un ilot de chaleur, une plantation d’un arbre de position offrira de l’ombrage et un effet “climatiseur” bienvenu ; dans une zone sujette à des inondations ponctuelles, une noue ou un jardin de pluie pourraient être proposés.
En savoir plus :
- Noues | Guide Bâtiment Durable (guidebatimentdurable.brussels)Jardins de pluie | Guide Bâtiment Durable (guidebatimentdurable.brussels)
Un article réalisé par Maïlys Duque, chargée de projet Wallonie et Fleurs