Focus plante : l’ortie

L’ortie, une plante souvent mal-aimée, regorge de surprises une fois que l’on s’y intéresse de plus près. En effet, loin d’être un fléau pour les espaces verts, l’ortie est une plante sauvage aux multiples vertus pour l’environnement et la biodiversité. Elle peut être un allié pour les jardiniers qui cherchent à favoriser la vie sauvage au jardin et qui recherchent un équilibre écologique.  

Quels sont les avantages de l’ortie au jardin ?  

1. Habitat et source de nourriture pour la faune 
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Image : Papillon Paon du jour

Les massifs d’orties regorgent de vie : de nombreux insectes s’y trouvent pour s’y réfugier, se nourrir ou pondre.  

Papillons, syrphes, araignées, chrysopes, coccinelles et autres coléoptères se retrouvent sur cette plante en grand nombre. Certains auxiliaires de nos jardins aiment s’y réfugier. Certaines espèces sont même directement dépendantes des orties, comme les papillons Paon du Jour et la Belle-Dame, si appréciables à observer avec les belles couleurs arborant leurs ailes. Ces deux papillons, comme d’autres, pondent leurs œufs directement sur les orties. Si l’ortie disparait, eux aussi ! 

 

Chenille-paon-du-jourChenille-paon-du-jour

Images : les chenilles du Papillon Paon-du-jour sur les orties
2. L’ortie comme engrais naturel  

L’ortie, riche en azote, est un excellent engrais naturel pour votre jardin. La matière organique se décomposant en milieu aérobie (milieu où il y a présence d’oxygène), rien ne sert de la placer absolument sous terre pour apporter de l’azote à vos cultures (une astuce de grand-mère propose de placer des orties fraiches dans le fond d’un trou accueillant un plant de tomate). Vous pouvez simplement la laisser se dégrader à la surface, comme un paillage, ou la composter pour ensuite l’étendre à l’endroit désiré. Attention tout de même à ne pas utiliser des plantes en graines au risque de voir des orties pousser en grande quantité là où elle n’est pas souhaitée. 

  • L’azote, quel intérêt ? 

Comme expliqué ci-dessus, l’ortie est riche en azote. L’azote fait partie des 3 nutriments essentiels au bon développement des plantes, le NPK, qui comprend l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). L’azote contribue à la croissance des plantes. Le phosphore et le potassium ont quant à eux un rôle dans la production des fleurs et la fructification. 

Ces composants peuvent être apportés de manière naturelle aux plantes, par la dégradation de matières organiques. 

Un manque d’azote peut engendrer des problèmes de croissance à vos plantes potagères ou horticoles. Alors qu’un excès peut entrainer une croissance végétative trop importante au détriment de la floraison et de la fructification.  

3. Un aliment pas comme les autres 

tisane-ortieConsommée depuis bien longtemps par l’homme, elle apporterait grand nombre de bénéfices à notre santé : source de silice et de fer, propriétés diurétiques, intérêts pour le système urinaire et rénal, lutte contre la fatigue, fortifie les anémiés, anti-coagulant …. Elle n’aurait aucune contre-indication et serait consommable de manière régulière. Utilisée en phytothérapie, certains maraichers et herboristes plantent de l’ortie sur leur terrain afin de profiter de ses vertus et la consommer. Attention toutefois à se renseigner auprès d’un professionnel de la santé, ne pas privilégier l’automédication. Certaines structures, se spécialisent dans l’utilisation des plantes sauvages comestibles en cuisine : restaurateurs et traiteurs, centres de formations, livres… Les sources d’informations sont variées et pourront vous guider dans les éventuelles contre-indications et l’emploi correct de ces plantes, dont l’ortie fait partie. Vous pourrez notamment retrouver des recettes sur le site de l’asbl Cuisine Sauvage : Grande ortie - Cuisine Sauvage ASBL 

Orties-pour-préparationCueillette-ortie

Consommée crue, chaude ou cuite, la cueillir de la bonne manière est nécessaire si vous voulez éviter de subir l’effet des poils urticants. Les jeunes feuilles sont à privilégier et seront à sécher et/ou à incorporer dans vos recettes de cuisine. Si vous souhaitez les manger directement, il faudra frotter les feuilles dans le sens du poil afin d’enlever l’effet urticant, puis les plier entre vos doigts et les écraser délicatement. 

  • Et un tissu ! 

L’ortie est utilisée depuis la nuit des temps comme fibre textile. Il n’est pas rare d’en retrouver dans les salons bio ou artisanaux sous différentes formes : pochettes, sacoches… Cette plante regorge de qualités insoupçonnées ou oubliées ! 

Limiter son expansion  

Pour limiter la prolifération de cette plante, veillez à la faucher avant la montée en graines (d’août à octobre). Pour les arracher, munissez-vous d’une bonne paire de gants et d’une fourche bêche. Les racines traçantes viendront facilement. Si vous avez des démangeaisons à la suite d’une piqûre d’ortie, frottez une feuille de plantain dessus et celles-ci se calmeront. 

Présentes dans les pâtures, elles sont délaissées par les herbivores. Mais une fois fauchées et séchées certains s’en régalent, comme les moutons.  

De plus, l’ortie est une indicatrice de sol de riche en azote et en micro-organismes, elle se retrouve souvent aux abords des fumiers, poulaillers et compost. Certaines personnes auraient tendance à vouloir la recouvrir de matière verte ou de la couper et de laisser sur place les tiges. Une belle erreur si vous souhaitez la faire disparaitre : celle-ci aimant la matière organique, elle n’en repoussera que plus vigoureusement. Mieux vaut l’arracher et l’exporter. Vous l’aurez compris, il faut limiter l’apports d’azote (et donc de fumier, de compost...) si vous souhaitez limiter l’expansion d’orties.

Le purin d’ortie, une macération utile 

L'ortie sert notamment à la confection du fameux « purin d’ortie », macération riche en azote et en micro-organismes, appréciée pour renforcer la résistance des plantes face aux attaques d’insectes nuisibles ou de maladies

PREPARATION D’UNE MACERATION D’ORTIES 

Action : insecticide, acaricide et fongicide 

Préparation :  

  • Récoltez des jeunes plantes non montées en graines 

  • Coupez et pesez 150 g d’orties fraîches ou 30 g d’orties séchées 

  • Laissez macérer dans 1 litre d’eau de pluie (ou de l’eau du réseau préalablement ventilée) pendant 1 à 3 jours puis filtrez 

  • Diluez à 10 % (1litre de solution diluée dans 10 litres d’eau de pluie) 

Utilisation : 

  • Pulvérisation contre les pucerons et acariens 

  • Pulvérisation préventive contre certaines maladies fongiques (mildiou, oïdium, moniliose, alternariose, pourriture grise...) 

Remarques

  • Une macération de 2 à 3 jours est suffisante contre les pucerons et acariens 

  • Laissez plus longtemps (8 à 10 jours de fermentation) afin d’obtenir un purin, qui stimulera la croissance des jeunes plantes. Avant d’arroser, veillez à diluer cette préparation à 5 %. 

  • Evitez de pulvériser les macérations si le jardin est en plein soleil ou s’il est exposé à un vent fort. Pulvérisez toujours tôt le matin ou tard le soir. 

  • Ces préparations ne conservent leurs propriétés que quelques jours à l’air libre. Pour une utilisation ultérieure, conservez la préparation jusqu’à 2 mois à l’abri de la lumière et des températures extrêmes et dans un récipient hermétique. 

Attention : 

L’ortie se trouve dans la liste des substances de base autorisées par l’Union européenne. Si cette préparation est utilisée en tant que produit phytopharmaceutique (insecticide ou fongicide), l'utilisateur doit respecter les conditions d'utilisation et la législation en la matière. Pour plus d'informations sur la réglementation concernant les substances de base, rdv sur www.phytoweb.be

Une société belge a d’ailleurs commercialisé ce purin d’ortie et un centre de recherche agronomique se lance dans sa culture.  

Pour plus d’informations sur cette culture particulière, voici plusieurs articles intéressants :  

Conclusion 

Oubliée, délaissée, mal-aimée … L’ortie a la vie dure dans nos jardins, bien que celle-ci tente tant bien que mal d’y garder sa place. Alors, au lieu de lutter contre elle, pourquoi ne pas profiter de ses vertus en contrepartie d’un petit coin dans notre jardin pour elle se développer en toute tranquillité et sous surveillance intéressée ? 

Un article de Laura Hannequart, conseillère technique et chargée de projet Jardineries labellisées "Jardiner sans Pesticides.

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Sources :  

Pour aller plus loin ?