Le lierre commun ou lierre grimpant (Hedera helix de son nom scientifique) est une liane assez répandue en Europe. C’est probablement également le cas dans votre commune où il s’est surement installé un peu partout ... Souvent stigmatisée et peu appréciée cette plante recèle pourtant d’atouts considérables sur les plans de la biodiversité et des changements climatiques. Découvrons comment cette plante peut devenir une ressource majeure pour votre commune.  

Le Lierre : Ami ou Ennemi des Arbres ? 

Le lierre est une plante qui suscite souvent des débats sur son impact sur les arbres. Certains le considèrent comme une plante parasite et d’autres comme un allié de la biodiversité.  

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le lierre n'est pas une plante parasite. Il utilise les arbres auxquels il s’accroche uniquement comme support et concurrence rarement le houppier – le sommet de l’arbre - en restant sur sa partie centrale. Le lierre présente donc un risque structurel pour les arbres déjà fragilisés (tronc pourrissant ou endommagé).  

Par contre, il n’est pas problématique pour les arbres en bon état sanitaire. Dans certains cas, il se révèle même être un allié bénéfique. En effet, il agit comme une barrière protectrice, préservant les troncs des agressions du soleil et du gel, fonctionnant ainsi comme un isolant naturel. 

Il est donc intéressant de réfléchir à la nécessité d’arracher des lierres grimpant sur des arbres ou arbustes dans votre commune. 

Il est déconseillé de planter du lierre au pied des jeunes arbres, en particulier ceux de moins de 5 ans, car cela pourrait entraver leur croissance. Au lieu de cela, il est préférable de laisser le lierre s'installer naturellement sur des arbres matures propices. Encouragez également la végétalisation de façades ou de vieux murs abandonnés en favorisant la croissance du lierre dans ces zones spécifiques. 

Le Lierre : un danger pour vos bâtiments ?  

Le caractère grimpant du lierre en fait également une plante intéressante pour la conception d’un mur végétal. Il permet ainsi d’améliorer l’isolation des bâtiments qu’il couvre tout en fournissant accueil et nourriture à de nombreuses espèces (Coombes et al., 2018).  

La plante ne présente pas de dangers pour les murs dont les joints sont en bon état, en effet, il va s’accrocher aux aspérités sans pouvoir l’endommager. Comme a dit le grand architecte, spécialiste de la rénovation, Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), “Le lierre, ce meilleur conservateur des monuments historiques...”  

Attention à ne pas confondre de Lierre avec la Vigne vierge (Parthenocissus quinquefolia) qui est une espèce exotique envahissante et une menace pour l'environnement. Cette dernière grimpe également grâce des crampons mais c’est une plante caduque qui donc perds ses feuilles en hiver.  

Quels sont les avantages d’opter pour du Lierre dans votre ville ?  

• Il apporte du vert tout au long de l’année. Son feuillage vert foncé, contrasté par des nervures blanchâtres, à l’avantage d’être persistant. Il permet donc de garder de la couleur tout au long de l’année.   

• Couvre-sol efficace : son caractère rampant, associé à son feuillage dense et opaque en font une plante couvre-sol très efficace qui empêche la croissance de plantes adventices dans un parterre.  

• Dépolluant urbain : il permet de dépolluer l’air urbain des particules fines, et ce, toute l’année, grâce à son feuillage persistant lui permettant de faire de la photosynthèse en hiver, contrairement aux plantes caduques qui perdent leurs feuilles en hiver.  (Sternberg et al., 2010)

• Bénéfices pour les pollinisateurs : sa floraison tardive (de septembre à novembre) est extrêmement importante pour les derniers pollinisateurs de la saison. On y retrouve très souvent de nombreuses espèces de papillons, de mouches, de guêpes et d’abeilles. Son pollen est d’ailleurs la source principale de nourriture d’une abeille sauvage solitaire qui s’appelle la collète du lierre (Colletes hederae).   

• Refuge pour les oiseaux et nourriture : sa fructification tardive et longue est très intéressante pour les oiseaux qui y trouvent aussi un refuge dans les rameaux aériens. (Salisbury et al., 2023)

Le Lierre se trouve être un allié pour faire face aux effets du changement climatique : absorbe le dioxyde de carbone de l'atmosphère lors de la photosynthèse, habitat propice à de nombreux auxiliaires, ... Le lierre est connu pour sa robustesse et sa capacité à s'adapter à diverses conditions climatiques. 

Carte d'identité 

• Famille : Araliacées 

• Période de floraison : septembre – novembre  

• Origine : Europe  

• Couleur des fleurs : Jaune 

• Feuillage : Persistant 

• Exposition : Tolère toutes les expositions, même les très ombragées. Mais poussera plus vite et produira plus de fleurs et fruits en plein soleil

• Plantation, rempotage : De préférence au début de l’hiver en novembre  

• Utilisation : Couvre sol, Grimpant, Peut être utilisé pour faire des lessives grâce à la saponine contenue dans ses feuilles

• Type de sol : Peu exigeant sur le type de sol, mais préfère les sols frais  

• Méthode de multiplication : Bouturage, marcottage et semis

• Rusticité : Jusque –30 degrés ’ 

• Maladies et ravageurs : Le lierre est peu sensible aux maladies et aux ravageurs. Les pucerons peuvent potentiellement ralentir sa croissance mais sans plus

Outil de lutte contre les adventices, végétalisation de l’espace public, réserve de nourriture et refuge de biodiversité, décidément, le lierre a tout pour plaire ! Mettez-vous au vert, adoptez le lierre ! 

Un article de Louis Noël, conseiller technique pour les professionnels.

Sources et images :   

Coombes, M. A., Viles, H. A., & Zhang, H. (2018). Thermal blanketing by ivy (Hedera helix L.) can protect building stone from damaging frosts. Scientific Reports, 8(1), Article 1. A.  

https://doi.org/10.1038/s41598-018-28276-2    

 Salisbury, T. Blanusa, H. Bostock & J.N. Perry, (2023). Careful plant choice can deliver more biodiverse vertical greening (green façades),. Urban Forestry & Urban Greening, Volume 89.  

https://doi.org/10.1016/j.ufug.2023.128118.  

Sternberg, T., Viles, H., Cathersides, A., & Edwards, M. (2010). Dust particulate absorption by ivy (Hedera helix L) on historic walls in urban environments. Science of The Total Environment, 409(1), 162‑168. https://doi.org/10.1016/j.scitotenv.2010.09.022