L’automne est arrivé et les tas de feuilles mortes s’amoncellent dans le jardin. Si le ramassage des feuilles et leur transport jusqu’en parc à conteneur peut constituer une tâche assez chronophage, il existe des alternatives permettant de valoriser ces « déchets verts » au jardin.
Vous avez dit « déchet » ?
En milieu forestier, les feuilles qui tombent lorsqu’arrive l’automne assurent de multiples fonctions. Elles protègent le sol contre l’action directe de l’eau et le lessivage des éléments essentiels. En s’accumulant aux pieds des arbres, elles forment une couche - la litière – qui peut retenir jusqu’à 15% de l’eau de pluie et la restituer ensuite lentement, à la manière d’une éponge. Par leur décomposition, elles viennent enrichir le sol en matière organique.
Vous l’aurez compris, dans la nature, les feuilles mortes sont loin d’être des déchets, elles constituent plutôt une ressource indispensable au bon fonctionnement de la forêt.
Alors, comment peut-on tirer profit de toutes ces qualités au jardin ?
Observer avant de prendre un râteau
Où les feuilles sont-elles tombées ? La quantité de feuilles au sol requière-t-elle mon intervention ? Voilà deux questions primordiales à se poser avant d’empoigner son râteau.
Les feuilles tombées dans les allées et les lieux de passage, une fois mouillées augmentent les risques de glissade. Il convient donc de les ramasser.
Par contre, les feuilles tombées dans vos parterres, aux pieds de vos arbres et arbustes, peuvent y rester. Souvenez-vous, elles assurent une protection et une nutrition pour votre sol tout comme c’est le cas en forêt. N’oubliez cependant pas de secouer vos arbustes à feuilles persistantes – comme les rhododendron - qui se trouveraient couverts de feuilles mortes, afin de libérer leur feuillage à la lumière.
Si les feuilles s’amoncellent sur la pelouse, il convient d’observer la quantité afin d’éviter de voir le gazon « étouffé » par une couche épaisse.
Lorsque la densité n’est pas trop importante, on peut effectuer un dernier passage à la tondeuse avec les lames bien hautes (6 à 7 cm de hauteur) pour récolter en même temps feuilles et restes de tontes qui constitueront ensemble un excellent mélange à ajouter au compost ou directement en mulch dans vos massifs. Après cette tonte, il restera probablement quelques débris épars de feuillage, mais cela ne nuira pas à la croissance du gazon. Bien au contraire, ces matières organiques nourriront l’herbe en s’incorporant au sol durant l’hiver.
Lorsque la quantité de feuilles est importante, il convient de les ramasser car celles-ci empêcheront la croissance de la pelouse en bloquant les rayons du soleil.
Que faire de mon tas de feuilles ?
Lorsque vous avez ramassé les feuilles tombées au sol là où cela était nécessaire, plusieurs possibilités s’offrent à vous pour les valoriser :
- Réalisation d’un compost en lasagne
Lorsque vous avez rassemblé plus ou moins 1m3 de feuilles, utilisez-les pour réaliser un compost en alternant des couches de 20 à 30 cm de feuilles avec des couches de 5 cm de matières organiques riches en azote (compost mûr, restes de tonte, déchets organiques de cuisine), à la manière d’une lasagne. Remuez ou retournez le tas tous les deux à trois mois et arrosez si le compost devient sec. Vous obtiendrez un bon terreau après un à deux ans de maturation à utiliser pour vos semis, boutures ou semis en pleine terre (¼ de terreau pour ¾ de terre).
- Mulch pour les parterres
Comme dit précédemment, les feuilles mortes peuvent être disposées pour protéger le sol dans vos massifs et aux pieds de vos arbres et arbustes afin de garantir une protection contre le gel, assurer une humidité suffisante au printemps et nourrir le sol.
- Abris pour la biodiversité
Les feuilles mortes offrent une protection à de nombreux animaux auxiliaires des jardins durant l’hiver comme les hérissons, les coccinelles, les perce-oreilles, les carabes et bien d’autres (Pour en savoir plus sur les auxiliaires, rendez-vous dans notre section « Amis au jardin » ). Dans un coin isolé du jardin, on peut tout simplement laisser un tas de feuilles mortes à leur disposition.
Quelques points d’attention
Lorsque les feuilles sont destinées à faire un mulch ou à intégrer le compost, il est important d’éviter les feuilles mortes provenant de plantes malades afin de ne pas favoriser la transmission de ces maladies. Par exemple, les feuilles de rosiers, souvent ponctuées de taches noires (signe de la présence du champignon pathogène Marssonina rosae) ou les feuilles des arbres fruitiers qui ont été attaquées par des pathogènes (tavelures des pommiers et poiriers par exemple) sont à éviter. Certaines feuilles coriaces comme celles des lauriers cerises nécessitent d’êtres broyées avant d’être utilisées afin d’accélérer leur décomposition.