L’arrivée des premiers froids hivernaux rime avec les myriades de couleurs des feuillages et des fruits … Ce spectacle à ciel ouvert nous est offert par une haie diversifiée indigène.
En effet, un assortiment réfléchi d’espèces indigènes permet de créer des mosaïques de couleurs en automne, mais également des variations de forme, de feuillage et de structure. En outre, la haie peut fournir des floraisons tout au long de la saison. Au-delà de l’aspect esthétique et paysager, cette structure végétale peut remplir de nombreuses autres fonctions : brise-vue, brise-vent, limitation des ruissellements et de l’érosion de sols, accueil de la biodiversité, production de fruits comestibles … Et oui, une haie diversifiée indigène permet aussi de se faire plaisir !
Ci-dessus : composition : néflier (Mespilus germanica), charme (Carpinus betulus), viorne obier (Viburnum opulus) et bourdaine (Frangula alnus). Crédit : Michel Fautsch
Deux options principales existent pour la forme de la haie :
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Tailler annuellement :
Composition : érable champêtre (Acer campestre), cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), viorne obier (Viburnum opulus) et aubépine à un style (Crataegus monogyna). Crédit : Michel Fautsch.
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La laisser libre cours à son développement naturel
Cette dernière option réduit les entretiens et amène plus de diversité dans la structure. Toutefois cela nécessite plus d’espace, il faut compter minimum 2 à 4 m (en fonction de la taille des arbustes/arbres à maturité) de chaque côté de la haie pour la laisser se développer. Pour rappel, légalement les plants qui ne dépasseront pas 2 m de hauteur peuvent être plantés à partir de 50 cm de la mitoyenneté, au-delà de cette hauteur il faut s’écarter de minimum 2 m.
Composition : peuplier tremble (Populus tremula), frêne commun (Fraxinus excelsior), fusain d’europe (Euonymus europaeus), viorne obier (Viburnum opulus), aubépine à deux styles (Crataegus laevigata), pommier sauvage (Malus sylvestris), châtaignier (Castanea sativa), noisetier (Corylus avellana).
Passons en revue les différentes fonctions avec des propositions concrètes de composition en espèces. La plupart des informations proviennent de l’application mahaie.be créée par l’asbl AWAF, avec sélection de la zone « Sambre-et-Meuse et Condroz » ! Notez toutefois, qu’il faut ajuster ces propositions en fonction de votre zone géographique et des caractéristiques locales (sol, exposition …). L’application couvre l’ensemble de la Région Wallonne.
Haie brise-vue
Il est important de garder à l’idée que toute haie est « brise-vue » en période de végétation. La bonne question à se poser est donc : dans quelle zone du jardin veut-on être à l’abri des regards également pendant l’hiver ?
Pour cet objectif, plusieurs types d’espèces peuvent être utilisées :
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Persistantes (feuillage reste vert toute l’année) : houx (Ilex aquifolium), if (Taxus baccata)[1], lierre commun (Hedera helix)
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Semi-persistantes (feuillage tombe en partie) : troène commun (Ligustrum vulgare), ronces (Rubus sp.)[2]
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Marcescentes (feuillage flétrit, mais reste accroché à l’arbre) : charme commun (Carpinus betulus), chêne pédonculé (Quercus robur), chêne sessile (Quercus petrae), hêtre commun (Fagus sylvatica)
Proposition de composition : houx – troène commun - charme commun > Bon brise-vue et peut être aisément menée en haie taillée.
D’autres possibilités existent afin d’accentuer le caractère brise-vue (même d’une haie composée d’espèces caduques dont le feuillage tombe en automne) :
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Planter sur 2 ou 3 rangs, réduire l’écartement entre les plants à 30-40cm, et/ou mener la haie de façon libre (ne pas la tailler annuellement) afin d’avoir une plus grande densité de branches.
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Planter du lierre commun au pied de la haie pour que ce dernier se développe au cœur de la haie et crée un écran vert après la chute des feuilles (photo ci-dessous) sans mettre à mal la haie existante (le lierre n’est pas un parasite).
Haie brise-vent
L’objectif est de former une haie semi-perméable et homogène afin de réduire la vitesse du vent sans créer de turbulences. Cette haie est composée d’arbres à croissance rapide entre lesquels sont insérés des arbustes éventuellement recépés (coupés à 10-30 cm du sol tous les 10-20 ans) et des petits arbustes buissonnants afin d’être dense en hauteur comme en largeur. L’effet brise-vent est amélioré par la plantation d’un deuxième rang.
- Proposition de composition (issue de www.mahaie.be) :
Haie fruitière
Et pourquoi ne pas profiter de la haie pour agrémenter son assiette de fruits sains et locaux ? Plusieurs catégories de fruitiers peuvent être intégrés dans les haies :
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Arbres fruitiers : griottier (Prunus cerasus), cognassier (Cydonia oblonga), prunier (Prunus domestica), myrobolan (Prunus cerasifera), pommier sauvage (Malus sylvestris), noyer commun (Juglans regia), châtaignier (Castanea sativa)
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Arbustes fruitiers : noisetier (Corylus avellana), néflier (Mespilus germanica), cornouiller mâle (Cornus mas), églantier (Rosa canina), prunellier (Prunus spinosa)
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Petits fruits : groseillers (Ribes uva-crispa, nigrum et rubrum), framboisier (Rubus ideaus), ronces (Rubus fruticosus) avec possibilité de prendre des variétés fructifères sans épine
Un point d’attention est porté au choix des variétés utilisées pour les différentes espèces afin d’obtenir des fruits plus intéressants pour la consommation humaine.
- Proposition de composition (issue de www.mahaie.be) :
Accueil de la biodiversité
L’intérêt de la haie pour la biodiversité est d’autant plus grand que sa composition et sa structure sont variées. Elle est de préférence établie sur plusieurs rangs, avec un mélange d’arbustes, arbres. On veille à étaler la période de floraison et fructification un maximum ainsi qu’à intégrer des espèces épineuses pour créer des zones de nidification à l’abri. Idéalement des tas de bois morts ou de pierres sont créés à proximité pour constituer des micro-habitats. Après quelques années, elle peut être agrémentée de plantes grimpantes et d’une bande enherbée fauchée 1 fois/an à son pied afin d’accroitre son potentiel biodiversité.
- Proposition de composition (issue de www.mahaie.be) :
NB : il est possible de sélectionner des espèces pour une haie basse (maximum 4 mètres de hauteur) : bourdaine, cornouiller mâle, églantier, framboisier, groseillier à maquereaux, prunelier, troène commun et viorne obier.
Les différentes propositions énoncées peuvent répondre aux exigences des subventions à la plantation wallonnes « Yes we plant ».
Pour la mise en place de la haie, nous vous invitons à consulter notre guide pratique. Que vous soyez citoyen, commune, école, entreprise ou agriculteur, sachez que les Conseil’Haies sont là pour vous accompagner dans votre projet !
Rappel pour les entretiens des haies : aucune intervention entre le 15/3 et le 31/8 pour éviter de perturber la nidification des oiseaux.
Pour conclure, si votre terrain possède quelques anciens arbres, haies ou arbustes indigènes, conservez-les ! Ces végétaux plus âgés remplissent déjà de nombreuses fonctions …
"Un arbre sénescent fait la joie du vivant"
Un article de Bernard Drosson, conseiller technique pour les professionnels.
Ecoutez aussi Bernard Drosson parler des haies diversifiées indigènes dans l'émission Vert Demain de la RCF : cliquez sur ce lien pour écouter !
[1] Attention, toutes les parties de l'if sont très toxiques, à l'exception de l'arille (fruit rouge) !
[2] Il existe des variété sans épines avec fruits intéressants
Liens et documents intéressants :
- www.adalia.be/guide-haie
- mahaie.be/
- yesweplant.wallonie.be/home/le-vademecum.html
- yesweplant.wallonie.be/home/je-veux-planter/des-conseillers-pour-accompagner-vos-projets.html
- environnement.wallonie.be/publi/dnf/haies-pour-demain.pdf
Sources :
Cet article résumé en pdf téléchargeable :