Adapter son jardin face aux changements climatiques : des solutions pour un jardin plus résilient
Pluies intenses, vents violents, périodes de sécheresses prolongées : ces phénomènes nous démontrent que le changement climatique est déjà bien en marche et va, selon les prévisions, s’accentuer au cours des prochaines décennies. Pour y faire face, une gestion de l’eau optimisée et raisonnée est indispensable.
C'est parti pour quelques pistes de solutions pratiques pour rendre votre jardin plus résilient !
Comment gérer l’eau de pluie à l’échelle de son jardin ?
« Déconnectons nos gouttières »
L'une des notions principales, quand on parle de gestion de l’eau de pluie, est qu’il est important de se rapprocher au maximum du cycle naturel de l’eau, c’est-à-dire permettre à l’eau de pluie de s’infiltrer au plus près de là où elle tombe. Cela permettra, notamment, de :
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Désengorger le réseau d’égouttage et par la même occasion renforcer l’efficacité des stations d’épuration qui sont amenées à traiter des eaux qui ne devraient pas l’être ;
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Eviter le ruissellement et par conséquent lutter contre les inondations ;
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Epargner l’eau de ville ;
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Recharger les nappes phréatiques ;
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Dans cette optique, l’idée va être de déconnecter les gouttières et de gérer au maximum cette eau tombée du ciel de manière autonome, à l’échelle de sa propriété.
Refaisons ensemble le trajet de l’eau, depuis la pluie qui tombe du ciel
L'eau issue des pluies va tout d’abord toucher la cime des arbres. Pour les arbres, comme pour les arbustes, c’est plutôt une aubaine : ils vont en capter une partie, ralentir la chute des gouttes d’eau et de ce fait protéger les végétaux moins robustes à leurs pieds. Les arbres permettent aussi de protéger les sols nus des pluies intenses et limitent l’érosion hydrique. La présence d’arbres et/ou d’arbustes est donc très positive au jardin : comme protection mais aussi pour leur capacité d’infiltration, grâce à leurs racines plus ou moins profondes, ou encore pour leur ombrage.
Si elle ne tombe pas au sol, l’eau va s’écouler sur les toitures (des maisons mais aussi des annexes tels que les garages et les abris de jardin) avant d’être évacuée vers les gouttières.
A ce stade, en fonction des moyens, plusieurs solutions s’offrent à nous :
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Les toitures stockantes, dont les toitures végétalisées : elles permettent de temporiser la pluie (en absorbant une partie de l’eau dans le cas de toitures végétalisées) et renvoient le surplus à débit modéré vers un exutoire (ex : gouttière).
Vous pouvez alors installer des systèmes de récupération sur lesquels raccorder directement vos gouttières. Citons par exemple les citernes (enterrées ou aériennes) qui peuvent récupérer plusieurs milliers de litres.
D’autres types de contenants moins importants pourront également être envisagés en fonction de votre utilisation et de vos moyens. Cette eau récupérée pourra ensuite être réutilisée au jardin pour l'arrosage mais également se substituer à l’eau de ville pour d’autres usages (lavage de voiture, lessive, toilettes…).
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Si vous n’optez pas pour sa récupération directe, vous pourrez malgré tout la rediriger de vos gouttières vers le jardin. Dans ce cas, afin de faciliter son infiltration, pensez à réaliser des aménagements végétalisés spécifiques type « jardin de pluie » (1), noue ou bassin d’infiltration par exemple. Vous pourrez aussi renvoyer vers une petite mare.
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Il reste maintenant à trouver une solution pour gérer l’eau tombée au sol sur les surfaces « imperméables » type parking, terrasse, cheminement :
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Des parterres ou autres surfaces végétalisées à proximité peuvent bien sûr en absorber une partie ou la totalité pour autant que des bordures n’empêchent pas l’écoulement des eaux vers ces zones végétalisées. Mais ce n’est pas tout !
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Pour aller encore plus loin dans la réflexion d’infiltrer l’eau au plus près de son point de chute, toute une gamme de nouveaux revêtements perméables ont vu le jour (carrossable ou non) qui peuvent facilement substituer les anciennes allées de garage et autres matériaux anciennement imperméables.
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Vous retrouverez des fiches techniques sur plusieurs de ces solutions éditées par la commune de Woluwé-Saint-Pierre dans la rubrique « Pour aller plus loin » en bas de cette page.
Que faire lors des périodes de canicule et de sécheresse pour préserver cette ressource précieuse ?
En complément à cette gestion intégrée de l’eau de pluie, on pourra mettre des choses en place pour réduire les besoins en eau au jardin et pouvoir ainsi l’économiser.
Voici une série de gestes à appliquer :
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Arroser au bon moment, de préférence en soirée (ou très tôt le matin) lors des périodes les plus chaudes de l’année.
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Arroser moins souvent mais plus longtemps (pour rendre les plantes moins dépendantes aux arrosages et leur permettre de s’enraciner plus profondément).
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Arroser aux pieds des végétaux, là ou se situent les racines et non pas sur le feuillage.
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Pratiquer l’arrosage différencié : toutes les plantes n’ont pas les mêmes besoins en eau en fonction de leur caractéristiques et/ou selon leur stade de vie. Apprenez à connaitre vos plantes !
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Il sera également important d’opter pour des végétaux adaptés à vos sols et aux autres conditions (exposition, espace disponible…). Des végétaux en adéquation avec leur environnement seront plus épanouis et de ce fait plus résilients.
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Pailler les parterres de plantation, idéalement avec du paillage organique : en recyclant, par exemple, les broyats de taille d’arbres et arbustes, les déchets de tonte… Le paillage permettra de conserver une certaine humidité de la terre.
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L’utilisation de système d’irrigation tel que les oyas peut aussi s’avérer une solution intéressante. Retrouvez ici notre tutoriel pour fabriquez les vôtres !
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Utiliser des plantes couvre-sol qui permettront une meilleure infiltration, protégerons la terre du soleil et éviterons l’érosion de vos sols. N’hésitez pas à combiner différentes strates pour vos plantations.
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Espacer les périodes de tonte et laisser la pelouse plus haute en période de sècheresse (minimum 6-8 cm). Le système racinaire est alors plus développé et plus profond et est capable de puiser l’eau plus en profondeur. Le gazon est alors plus résistant à la sécheresse et au phénomène de jaunissement. Evitez d’arroser les gazons et pelouses même si l’herbe prend un aspect doré : elle reverdira une fois l’arrivée des périodes pluvieuses suivantes.
Photo de tontes différenciées
Le jardin de demain, c’est aujourd’hui qu’on le crée.
Un article de Perrine Lombaerts, conseillère technique pour les professionnels et chargée de projet Wallonie en Fleurs
LEXIQUE :
(1) Jardin de pluie : un jardin de pluie est un aménagement vert de faible dépression placé stratégiquement sur une propriété qui sert à recueillir l'eau de ruissellement pour lui permettre de s'infiltrer dans le sol au lieu de continuer son chemin. Il peut également avoir des qualités épuratives en fonction des plantes sélectionnées.
(source: https://www.obvmr.org/)
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POUR ALLER PLUS LOIN :
- Le site fédéral belge pour une information fiable sur les changements climatiques : https://climat.be/politique-climatique/belge/nationale/adaptation
- Fiches éditées par la commune de Woluwé à l’attention de ces citoyens “Coupons nos gouttières” : https://durable.woluwe1150.be/valoriser-leau/gerer-leau-a-lechelle-citoyenne/gerer-les-eaux-pluviales-a-son-echelle/
- Le jardin climatique : 16 fiches techniques: https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/le-jardin-climatique.html
- Tutoriel d'Adalia 2.0 sur la fabrication des Oyas: https://youtu.be/YCKSkqsyoDQ?si=RoexE61CBDOhMfsY