Fleurissement pérenne avec les plantes vivaces

Conseils pratiques à destination des communes (mais pas seulement !) 

Partie 1 (partie 2 ici)
Afin de répondre aux nombreux défis soulevés par le fleurissement de leurs espaces publics, de nombreuses communes questionnent leur stratégie et développent un fleurissement différencié, faisant la part belle aux plantes vivaces. Ce type de fleurissement apporte de nombreuses opportunités mais nécessite aussi, pour les gestionnaires, de s’approprier de nouvelles manières de concevoir et de gérer ses plantations. Pour les accompagner dans ce processus, Adalia 2.0 propose aujourd’hui une série de conseils pratiques pour initier ce nouveau type de fleurissement. Découvrez aussi un répertoire de plantes “valeurs sûres”, intéressantes pour débuter la transition. 

De nouveaux défis pour de nouveaux enjeux 

Quand il s’agit de développer leur végétalisation, les communes wallonnes sont confrontées, à différentes échelles, à des nombreux nouveaux enjeux :  il y aura bien évidement la gestion efficiente des budgets communaux, de plus en plus en tension, mais aussi la disponibilité et le “profil” des équipes de terrain (équipe dédiée aux espaces verts ou équipe “généraliste”/voirie etc.) ou encore les spécificités environnementales de leur territoire. A ce sujet on pensera par exemple à la disponibilité des espaces publics pour les citoyens, mais aussi à la présence éventuelle d’ilots de chaleurs, de zones à risque d’inondation ou de ruissellement. Le caractère urbain, rural et plus ou moins minéralisés aura évidement un impact sur les besoins et les possibilités pour le fleurissement.  

À cela s’ajoutent les enjeux globaux liés aux dérèglements climatiques, qui posent de nombreux défis très concrets aux équipes des espaces verts :  épisodes de canicules, de sécheresses ou de pluviométrie intense mettent à rude épreuve les plantations et les équipes qui veillent à leur bon développement.  

De plus en plus de communes se questionnent donc sur leur manière de concevoir et gérer leurs espaces verts dans une optique de durabilité et de gestion efficiente

Parmi les clefs qui s’offrent à nous pour répondre à ces multiples défis, nous aborderons ici le développement d’un fleurissement pérenne, à savoir un fleurissement intégrant de plus en plus de plantes vivaces durables, de plantes couvre-sols, et privilégiant tant que possible des plantations en pleine terre, évitant les sols nus, et limitant au maximum le besoin d’arrosage.   

Objectifs visés : des aménagements plus durables, en alternative ou en compléments avec une fleurissement traditionnel, basé sur le renouvellement saisonnier de parterres et bacs de plantes annuelles, vers des aménagements plus favorables à la biodiversité et une meilleure gestion des ressources locales. 

A découvrir : le témoignage de la commune de Beauvechain concernant sa transition vers un fleurissement durable : Vers un fleurissement communal durable 

Développer ce type de fleurissement, aussi enthousiasmantes que soient les perspectives qui y sont associées, ne va pas sans de nombreux défis pour les équipes techniques et les gestionnaires des espaces publics : quelles plantes choisir, pour quel usage, comment s’assurer d’une bonne reprise et comment organiser l’entretien, quels sont les besoins en matière d’arrosage, de désherbage... 

Certaines communes ont franchi le pas depuis plusieurs années et développent avec succès cette nouvelle manière de fleurir leurs espaces publics, d’autres initient la démarche et testent petit à petit ces nouveaux modes d’aménagements. 

Afin de les accompagner dans cette démarche, nous vous présenterons ci-dessous une série de conseils pratiques pour bien initier et mettre en œuvre un fleurissement durable. En parallèle, nous vous proposerons une liste, non exhaustive, de plantes vivaces “valeurs sûres” qui pourront vous être utiles pour initier vos nouveaux aménagements. 

Dans tous les cas, n’hésitez pas à vous former et vous faire accompagner : plusieurs structures sont à votre disposition pour développer un fleurissement durable. Adalia 2.0, en parallèle à ses articles et nombreuses fiches techniques, vous propose des formations sur différentes thématiques liées à la gestion écologique des espaces verts.  Ecowal asbl peut aussi vous accompagner dans la conception de vos aménagements.

Enfin, n’hésitez pas à vous inspirer des réalisations de communes voisines qui développent elles aussi un fleurissement durable ; à ce sujet, découvrez les communes labelisées Wallonie en fleurs. 

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Plusieurs communes wallonnes développent un fleurissement pérenne qualitatif via des parterres en pleine terre et l’usage de plantes vivaces (photos : Adalia 2.0, saison 2024 du label Wallonie en fleurs

Recommandations générales pour des plantations de vivaces pérennes 

Voici donc quelques recommandations générales à appliquer lors de la transition depuis un fleurissement classique (plantes principalement annuelles, renouvelées de manière saisonnière) vers un fleurissement plus durable intégrant des plantes vivaces pérennes. 

1. Privilégier toujours les plantations en pleine terre (par rapport aux bacs) lorsque cela est possible.  

  • Les plantations “pleine terre” sont moins gourmandes en arrosage et plus résiliente en cas de sècheresse ;
  • Dans certaines situations, une déminéralisation peut être envisagée, directement par la commune ou via des projets participatifs citoyens, ce dernier cas participant à une meilleure sensibilisation ou acception de/par la population ;
  • À découvrir pour inspiration : Less béton (lessbeton.be)

2. En cas de plantations en bacs, jardinières, conteneurs...

  • Privilégier les contenants les plus grands possibles ;  

  • Utiliser des bacs à double parois proposant des réservoirs d’eau ;

  • Attention au choix des matériaux : comme les bacs seront amenés à rester en place toute l’année, il sera nécessaire que leurs matériaux soient durables et supportent les intempéries : pierre, corten, acier avec revêtement bois... ;

  • Prévoir l’utilisation d’un terreau de qualité, adapté à la plantation en bacs : certain terreau de basse qualité se contractent en période de sècheresse et ne retrouvent plus jamais leur structure ;  

  • En cas de grands bacs pérennes, par exemple ou des arbustes seraient plantés, un mélange terreau/terre arable sera intéressant si cela est possible ;

  • Il existe des terreaux enrichis en rétenteurs d’eau, mais à choisir avec soin car certains pourraient produire, en se dégradant, des résidus polluants ;

  • Prévoir à la plantation un engrais à diffusion lente et équilibré, et éviter les engrais chimiques à diffusion rapide qui peuvent fragiliser les plantes ;

3. Toujours prévoir un paillage des plantations :  

  • Indispensable pour limiter l’arrivée des adventices et limiter le besoin d’arrosage ; 

  • Prévoir un léger regarnissage du paillage chaque année ;

  • Dans le cas de parterres présentant des plantes couvre-sol persistantes ou semi-persistantes, (Géranium macrorrhisum, Persicaria, Vinca, Hakonechloa macra...) celles-ci couvriront l’ensemble du sol en 2 à 3 ans, dans ce cas il ne sera plus nécessaire de regarnir en paillage ;  

  • Pour les plantations de vivaces, on préconise un paillage relativement fin, type miscanthus broyé ou écorces/broyat de petit diamètre ; 

  • En bac de vivaces, une épaisseur de 3-4 centimètres seront utilisés ; 

  • En pleine terre, on prévoira autour des 8 cm d’épaisseur selon le type de paillage choisi ;

  • Attention à la mise en place soignée du paillage pour éviter d’abimer les jeunes plantes. Bien dégager les collets pour éviter le pourrissement ;

  • Toujours éviter l’utilisation de bâches dans les parterres, elles ne sont pas durables et nuisent à la vie du sol ; 

  • Attention, le paillage ne suffira pas pour éviter totalement la présence des adventices, surtout la première année : un passage très régulier des équipes pour le désherbage sera indispensable, particulièrement dans les premières semaines suivant la plantation, pour supprimer la germination des adventices résiduelles et surveiller la bonne reprise des vivaces ; 

4. Le premier critère de sélection de plantes sera les conditions réelles de leur futur emplacement : exposition réelle, humidité et nature du sol, espace disponible.  

5. Les aménagements seront idéalement pensés dans le cadre d’un plan de gestion différenciée, afin de les adapter à l’usage du lieu et aux disponibilités d’entretien de l’équipe communale. 

Le concept de gestion différenciée :  

La gestion différenciée des espaces verts consiste à adapter l’entretien des espaces en fonction de leur nature, de leur situation et de leur usage.  

Pour les services techniques, elle se retrouve au travers de la mise en place d’outils de gestion communale basés sur des cartographies et un zonage avec attribution de codes d’entretien. Ces outils permettent l’organisation des ressources matérielles et humaines, l’élaboration d’un planning annuel des tâches, ainsi que la création d’indicateurs de suivi pertinents.  

La gestion différenciée permet aussi de diversifier les types d'espaces verts, de favoriser la biodiversité tout en répondant aux enjeux liés à l’interdiction des herbicides et pesticides dans les espaces publics,  

  • Source :  Pante & Cité “La gestion différenciée : méthodologie de mise en œuvre” ,2014 mis à jour 2021.

Lisez la deuxième partie de cet article : Les vivaces : répertoire de plantes “valeurs sures” 

Un article réalisé par Maïlys Duqué, chargée de projet Wallonie et Fleurs