Comment réaliser un potager en sol pollué ? 

À force de les piétiner, on oublie que les sols sont un patrimoine mondial à protéger. Ils sont à la base de notre alimentation et le support de vie de la majorité des êtres vivants.  Pourtant, ils sont menacés par la pollution, l’artificialisation croissante et l’appauvrissement des terres. 

En Wallonie, la création de potagers, que ce soit dans des jardins privés ou des espaces collectifs, devient de plus en plus courante. Mais avant de cultiver, il est essentiel d’évaluer la qualité du sol et de prendre des mesures adaptées en cas de pollution. 

Par où commencer pour faire le bilan de son sol ? Que mettre en place pour en prendre soin et que faire en cas de suspicion de pollution ? Peu importe le type de sol, des solutions existent afin de cultiver et consommer des légumes sains.  

Par où commencer ? Faire un bilan de la qualité de son sol 

Premièrement, vous pouvez, dans un jardin ou dans des espaces verts partagés, commencer par faire un bilan de la qualité de vos sols en réalisant des tests simples de textures. 

Vous pouvez par exemple réaliser le test du boudin ou encore faire tremper une motte de terre : si la terre se dilue cela signifie qu’il n’y a pas beaucoup de matière organique. 

 
Pour aller plus loin, faites analyser votre sol grâce à des outils spécialisés comme Sanisol, qui permet de détecter d’éventuelles pollutions et de mieux comprendre la composition de votre terrain. 

Comment nourrir et régénérer son sol ? 

Pour régénérer vos sols, la première étape est de les nourrir en leur apportant de la matière organique. Vous pouvez par exemple acheter du broyat de branche dans un Biocentre ou tout simplement composter vos déchets alimentaires et de jardin.  

Cette matière organique est la base de la chaine alimentaire du sol. La faune du sol aura donc le gite et le couvert afin d’améliorer la terre de votre jardin. 

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Qu’est-ce qu’un sol pollué ?  

Différents types de polluants peuvent être présents dans nos sols. Ces derniers peuvent contenir des métaux lourds, des pesticides, des hydrocarbures, des PFAS, des microplastiques et encore bien d’autres polluants potentiels.  

Dans le cadre d’un potager, la pollution la plus préoccupante est celle liée aux éléments-traces métalliques (ETM), couramment appelés métaux lourds.  Ces derniers sont des éléments chimiques tels que le plomb, le cuivre, le cadmium, l’arsenic, le chrome, le mercure et le nickel et le zinc… 

Les métaux lourds, une pollution majeure pour les potagers. 

Ces éléments chimiques ne sont pas biodégradables et s’accumulent dans les organismes vivants en fonction de leur biodisponibilité dans le sol. 

Les métaux lourds peuvent avoir une origine naturelle via l’altération des roches mères, mais dans la majorité des cas, leur présence en excès résulte des activités humaines.  

Origines de la pollution des sols  

Ces pollutions peuvent être récentes, mais sont dans la majorité liée au passé industriel de la Wallonie. Les activités industrielles ont pollué notre environnement et donc nos sols via le stockage de polluants, les ruissellements ou la production de fumées de combustion retombant plus ou moins loin. 

Quels sont les risques pour la santé ? 

Ces pollutions sont pernicieuses du fait de leur toxicité dite « chronique », c’est-à-dire qu’elles peuvent s’accumuler lentement mais surement dans le corps et favoriser l’apparition de certaines maladies sans que l’on puisse directement en connaitre la cause exacte. Les personnes dites « vulnérable s» - les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées - sont particulièrement sensibles et doivent être protégées.   

Comment limiter l’exposition aux polluants du sol ? 

Afin de se protéger de la pollution des sols, de bonnes pratiques en extérieur et en intérieur peuvent être mises en place, afin de limiter son exposition aux différents polluants. Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter cette brochure du programme Sanisol.  

Comment savoir si mon sol est pollué ? 

Différents tests simples peuvent être réalisés afin de connaitre la qualité de son sol. (Mettre lien article « Comment analyser son sol ? ».) 

Afin de savoir si votre sol ou vos légumes sont pollués, vous pouvez faire appel à l’outil Sanisol. Ce dernier vous guide vers des laboratoires agréés afin de réaliser ces analyses. En fonction du résultat de ces analyses, Sanisol propose de remplir un formulaire donnant accès à des recommandations afin d’éviter les risques liés à un sol pollué. 

Comment produire des aliments sains ? 

Il est primordial d'éviter de polluer soi-même son sol par l’utilisation de pesticides dans le jardin. Il en va de même pour des substances comme le vinaigre, qui acidifie les sols, le sel, qui limite la croissance des plantes, ainsi que tout autre composé utilisé dans la fabrication de désherbants « maison », qui polluent les sols et les nappes phréatiques. Ces produits ont un impact non négligeable sur notre santé, notamment à travers la consommation de légumes cultivés sur ces sols pollués. 

Face au constat que nos sols sont déjà pollués, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour produire des fruits et légumes sains. 

La première consiste à se limiter à la production de fruits ou de légumes dits « fruits ». En effet, les fruits des plantes et les graines tendent à concentrer moins de métaux lourds que les autres parties de la plante, telles que les racines, les feuilles et les tiges. Vous pouvez ainsi planter un verger avec différents fruitiers et petits fruitiers afin de profiter de fruits sains. Il est également possible de réaliser un potager composé uniquement de légumes-fruits comme les poivrons, les aubergines, les courges, les concombres, etc. 

Pour en savoir plus sur l'outil SaniSol, rendez-vous ici : SaniSol

En cas de terre polluée, une autre précaution à prendre est d'éviter d’utiliser des déchets verts (comme les tontes de pelouse) en paillage ou en compost. Ces déchets, ayant poussé sur des sols pollués, sont susceptibles de contenir des concentrations de polluants qui risquent d'être réintroduites dans le sol. 

Les autres légumes et plantes potagères (autres que les légumes-fruits, moins impactés par la pollution du sol) peuvent également être cultivés dans le jardin si des aménagements adaptés, tels que les bacs potagers, sont réalisés. 

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Comment réaliser un bac de potager, sol pollué ou pas ? 

L’aménagement le plus courant à réaliser est celui des bacs de potager surélevés. 

Les bacs surélevés, en plus de limiter l'exposition aux polluants, facilitent les récoltes et les entretiens, tout en réduisant l’apparition de maladies. Vous aurez également un peu plus de contrôle sur les ravageurs. Ces bacs permettent de cultiver des légumes ayant besoin d’un sol maraîcher profond. Sol pollué ou non, le bac potager est une solution idéale pour cultiver vos légumes et profiter du jardinage chez vous, que vous disposiez d’un petit ou grand espace extérieur ! 

Voici les différentes étapes pour construire un bac potager surélevé :

  1. Préparation du sol : Lors de la réalisation de votre bac, vous pouvez commencer par enlever entre 5 et 20 cm de sol sur les zones où vous souhaitez installer votre bac potager. Cette étape n’est pas forcément nécessaire dans un sol sain, mais en cas de sol pollué, elle permet d’augmenter la profondeur du bac. 

  1. Construction du squelette : Une fois le sol dégagé, vous pouvez construire le squelette de votre bac. Les dimensions et les formes peuvent varier en fonction de vos besoins, mais un rectangle ou un carré surélevé d’environ 60 cm (ou un peu moins) est conseillé. Vous pouvez réaliser ce squelette avec des planches de bois brut non traité, ayant idéalement une épaisseur minimale de 25 mm pour assurer une structure durable dans le temps. Évitez les bois traités contre les moisissures avec des biocides. Différents plans, articles et vidéos détaillés sont disponibles sur le web pour vous guider dans la construction du squelette. 

  1. Protection du fond : Une fois le squelette construit, vous pouvez recouvrir le fond du bac avec une protection de soubassement ou un géotextile perméable (idéalement non tissé) pour limiter les échanges avec le sol pollué. Vous pouvez également recouvrir les parois intérieures de la même manière pour augmenter la durée de vie du bac. Des bacs uniquement en bois sont possibles, mais il est important d'avoir une épaisseur suffisante pour garantir la longévité de l'ouvrage. 

  1. Remplissage du fond : Ensuite, vous pouvez remplir le fond du bac avec un mélange de paille et/ou de feuilles mortes sur 10 à 30 cm d’épaisseur, en fonction de la taille de votre bac. Cette matière organique se dégradera lentement et fertilisera le bac. 

  1. Ajout de la terre : Une fois cette étape réalisée, vous pouvez remplir votre bac surélevé avec de la terre arable/de jardin saine, en laissant 5 cm entre le haut du bac et la terre ajoutée. Une fois le bac rempli, arrosez pour tasser le sol, puis complétez si nécessaire. Des livraisons en « big bag » ou en « vrac » de terre sont possibles à des prix raisonnables, en fonction des frais de livraison. 

  1. Amendement et fertilisation : Vous devrez ensuite ajouter du terreau, du compost ou tout autre amendement, et bien les mélanger à la terre pour améliorer la fertilité de votre bac. Un mélange de 2/3 de terre et 1/3 de terreau est idéal. Pour vous procurer du terreau en grande quantité, vous pouvez contacter le « Biocentre » le plus proche de chez vous. Il ne vous reste plus qu’à semer ou planter vos légumes pour profiter de leurs bienfaits. 

Des aménagements sur pieds en bois surélevés peuvent également être réalisés de cette manière, mais ils sont généralement plus adaptés à la culture de plantes aromatiques, peu exigeantes en termes de fertilité du sol et en besoins en eau. Voici quelques plantes aromatiques, parmi d’autres, que vous pouvez planter : sauge, romarin, laurier-sauce, thym, sarriette… 

 

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Des sols pauvres et pollués, riches en biodiversité ?  

Malgré leurs défauts pour la culture de plantes potagères, les sols pauvres et pollués restent des sols potentiellement intéressants pour la biodiversité. En effet, de nombreuses espèces dites métallophytes rares peuvent pousser sur ces sols et créer des prairies calaminaires. 

Il ne faudrait donc pas penser qu’un sol pollué et pauvre au sens agronomique soit forcément sans valeur et bon à être artificialisé. 

 

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source photo : https://cercles-naturalistes.be/wp-content/uploads/2018/01/L%C3%ABrable-2010-342_Rosengarten.pdf  


Peu importe votre situation, il sera toujours possible de produire des légumes sains dans votre jardin. Il serait dommage de se priver du plaisir et des bienfaits d’un retour à la nature ainsi que de l’intérêt de mettre en place un potager chez soi ! 

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter nos autres articles sur les conseils au jardin et à suivre notre cycle de formation afin de créer votre « jardin de demain ». 

 

 

Ressources :  

 

 

https://monjardinsec.fr/wp-content/uploads/2023/08/Les-avantages-du-carre-de-potager-en-jardin-sec.jpg