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Retour sur la journée intercommunale “papillons et pollution lumineuse” d'Adalia 2.0

journée intercommunale

Le 9 avril dernier, Adalia 2.0 organisait une journée intercommunale sur les enjeux liés à la préservation des pollinisateurs dans les espaces verts, avec le soutien de la Région Wallonne. Au programme, deux focus : les papillons et la pollution lumineuse.  

Une septantaine de personnes a répondu présent (communes, provinces, Région Wallonne, associations partenaires et monde universitaire). Un beau reflet de l’intérêt d’agir en faveur de la biodiversité, à toutes les échelles et en synergie. 

Convaincue du besoin de “formation continue” pour les travailleurs des services publics et des bienfaits de l’éducation non-formelle, notre équipe a proposé une journée mêlant transmission de savoirs, avec des intervenants aux apports riches et variés, et retours de terrain, la plus participative possible (présentations courtes, sessions de questions/réponses, tables-rondes, échanges directs avec le monde associatif via des stands...).  

Les interventions du matin : 

  • Pierre-Laurent Zerck, biologiste et conseiller technique chez Adalia 2.0, a introduit cette journée. Malgré sa passion non dissimulée pour les abeilles, il donne le ton en insistant d’entrée de jeu sur l’importance du travail de pollinisation réalisé par les papillons, ainsi que par bien d’autres animaux, trop souvent perturbés, entre autres, par nos luminaires. De quoi nous rappeler l’importance des enjeux liés à la préservation de la biodiversité, dont nous faisons partie. 

  • Stéphane Claerebout, du Cercle des Naturalistes de Belgique, ouvre le bal des interventions. Son objectif ? Nous faire découvrir les papillons de nuit et leur lien précieux avec la pollinisation. Pari réussi grâce à une plongée dans cet univers fascinant et méconnu. On en ressort plein d’étonnements et nous retiendrons que les papillons de nuit sont :  
  1. Bien plus nombreux que les papillons diurnes ; 
  2. Parfois actifs en journée. Même si personne ne chôme la nuit, durant laquelle ils pollinisent activement et statistiquement plus que les abeilles ; 
  3. Des gardiens de la diversité génétique de plantes. En parcourant de longues distances (entre 600 mètres et 12 kilomètres par jour), ils pollinisent ainsi des habitats très éloignés ; 
  4. Fortement impactés par la pollution lumineuse. 

    En plus des dangers directs liés à cette dernière (risque de prédation, d’épuisement, de brulure...), la reproduction peut elle aussi être perturbée. Ces êtres vivants (principalement nocturne donc) pondent des œufs ayant besoin d’abris. Or, en cas de lumières artificielles, les individus sont déboussolés. Les trajectoires de pontes sont déviées et laissent des œufs prêts à éclore à proximité d’éclairages n’offrant ni gîte, ni couvert à de futures chenilles vouées à une mort certaine. Parfois même, la reproduction n’a tout simplement pas lieu. 

    En conclusion, les papillons de nuit jouent un rôle majeur dans la pollinisation nocturne, tout aussi importante que la pollinisation diurne. Les lumières de nuit artificielles représentent une réelle menace et doivent donc faire l’objet d’une importante réflexion en vue de leur diminution et d’un éclairage plus raisonné. 

Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète de Stéphane Claerebout ICI. 

 

  • Philippe Goffart (DMNA SPW), spécialiste des papillons de jour, a également mis à mal cette “caricature” de la seule abeille pollinisatrice. Il insiste sur le rôle des papillons dans le processus délicat de pollinisation. Notamment grâce au lien étroit entre les différentes espèces de papillons et les fleurs auxquelles ils sont inféodés.  
    Ainsi, même si les populations de papillons (en Wallonie) sont assez “stables”, notamment grâce à l’arrivée de nouvelles espèces, ayant pu s’adapter grâce à un climat plus “clément”, il reste important de souligner que 50% d’entre elles restent menacées. Friands de pelouses calcaires, de forêts de feuillus ou encore de milieux bocagers, face à l’intensification agricole, aux plantations d’épicéas, à l’eutrophisation des eaux... Ils nous reste un grand travail d’introspection face à nos “besoins” de gestion des milieux naturels, même lors de restauration, de fauches raisonnées ou de pâturages extensifs. Force est de constater que laisser la nature s’exprimer est encore le plus beau cadeau que nous pouvons parfois lui faire.  

Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète de Philippe Goffart ICI 

Plongée dans la pratique :  

1. Présentation de deux outils régionaux visant à aider les communes à s’emparer de la thématique biodiversité : 

  • Le subside annuel “BiodiverCité” peut apporter un soutien financier de 10.000€ par an aux communes et vise la mise en place de projets réellement impactant, en termes de biodiversité, comme nous l’a bien expliqué Farah Roland (SPW ARNE). Il peut d’ailleurs être utilisé dans le but de réduire la pollution lumineuse.  

  • Le site internet labiodiversitedansmacommune.be propose une aide multiple pour les gestionnaires communaux. Il rassemble une plateforme d’échanges, un agenda, un listing d’experts, des modèles de projets et surtout permet l’accès à l’outil “Naturascope”, comme nous l’indique Emilie Pierret, de la Fondation rural de Wallonie (FRW). En fin d’exposé et durant l’après-midi, l’outil a pu être testé, pour montrer son intérêt dans la gestion d’un parc lumineux (via notamment l’indentification de points lumineux situés dans ou à proximité de zones sensibles telles que les sites Natura 2000 ou les corridors écologiques).  

Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète de Farah Rolland et Emilie Pierret ICI 

2. Présentation du projet communal E-Lumin - Commune de Chaumont-Gistoux

C’est ensuite Luc Mertens, Échevin de la transition écologique pour la Commune de Chaumont-Gistoux qui présente le projet communal E-Lumin grâce auquel la commune remplace des ampoules par des LED et supprime de nombreux points lumineux pour :  

  • Recréer une trame noire en faveur de la faune et de la flore ;  

  • Limiter notre dépendance à la lumière artificielle et viser un meilleur sommeil (en particulier pour les enfants) ;  

  • Diminuer l’utilisation d’électricité et donc les émissions carbonées liées à la mobilité, en s’ancrant un peu plus dans la convention des Maires ;  

  • Limiter les dépenses publiques.  

Le projet avance par phases, en collaboration avec ORES (qui annonce une fin de l’éclairage public d’ici à 2050), mais également citoyen(ne)s, médecins, services de police ... Une réelle source d’inspiration pour les communes !  

Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète de Luc Mertens ICI 

3. Présentation des projets en cours concernant l’éclairage public, en bordure des voiries régionales

Thierry Kervyn du SPW, clôture notre matinée, arguments scientifiques et bonnes pratiques à l’appui (température, intensité et orientation des éclairages, diminution des points lumineux...) pour présenter les projets en cours concernant l’éclairage public, en bordure des voiries régionales (concernant la limitation de la pollution lumineuse et son impact sur la biodiversité).  

Il est à garder en tête, qu’aucune législation n’impose d’éclairer les voiries publiques, il y a cependant des normes en cas d’installation d’éclairage (qui tendent à évoluer vers une diminution).  Mais le changement prend du temps et nécessite une bonne communication, tant avec les citoyens (en insistant sur le sentiment de sécurité et la sécurité effective), que les gestionnaires de voiries. Pour aider, le SPW (et ses nombreux partenaires) : 

  • Edite un vademecum pour la prise en compte de la biodiversité dans les projets d’éclairage public, disponible ici 

  • Finance des projets publics de “trame noir” ;  

  • Propose une couche cartographique de l’éclairage public inutilement gênant pour la biodiversité dans les communes, disponible ici

En bref, la sobriété lumineuse c’est éclairer “comme il faut, ce qu’il faut & quand il faut”.  

Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète de Thierry Kervyn ICI

Après-midi : place aux tables-rondes !

C’est une après-midi sous forme de tables-rondes qui a été proposée aux participants. Elle a permis d’approfondir les présentations de la matinée et d’échanger sur du concret.  

  1. Pollution lumineuse et espaces publics : Quels aménagements favoriser pour limiter la pollution lumineuse. Par Francis Venter – ASCEN  

  1. BiodiverCité et participation citoyenne : Échange sur la rencontre annuelle autour de la subvention BiodiverCité et sur la manière de susciter la participation citoyenne dans vos projets. Par Marianne Colet (SPW-ARNE), Vincent Moureau (SPW-ARNE) et Aurélie Gabriël (Fondation Rurale de Wallonie)  

  1. Comment favoriser la biodiversité sur le territoire communale ? Accompagnement via le label Wallonie en Fleurs. Par Maïté Loute et Perrine Lombaerts – Adalia 2.0  
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  2. Naturascope et trame noire : Exercice pratique sur WalOnMap pour exploiter la couche « Eclairage public communal inutilement gênant pour la biodiversité » et répondre au Naturascope. Par Farah Roland (SPW-ARNE) et Emilie Pierret (Fondation Rurale de Wallonie)  

  3. En quoi la débétonisation laisse place aux pollinisateurs : aménagements et sensibilisation des citoyens. Par Laetitia Cloostermans et Elisa Hernandez - Less Beton 
     

Merci encore à tous·tes les participant(e)s, aux différent·es intervenant·e·s et à nos partenaires du monde associatif et du secteur public.  


Un article réalisé par Sarah Ruidant, animatrice.

Pour aller plus loin, quelques lectures éclairantes :