Le 14 novembre dernier, une après-midi d’échanges sur le thème du fleurissement et de la végétalisation durable était proposée par les chargées de projets Wallonie en Fleurs d'Adalia 2.0. Objectif ? Proposer aux communes des retours d’expériences enrichissants pour faire évoluer les pratiques, échanger et s’inspirer d’autres communes ou, tout simplement, faire un premier pas vers l’aventure Wallonie en Fleurs.
Maïté Loute, Perrine Lombaerts et Maïlys Duqué, les trois chargées de projet, aussi expertes en fleurissement durable, ont introduit la journée afin de planter le décor.
L’intervention de l’équipe d’Adalia 2.0
La saison s’achève et l’heure est au bilan ; avec 24 communes labellisées en 2024 (dont 4 nouvelles labellisations et 20 renouvellements), les défis quant à la mise en place d’une végétalisation durable sont variés. Le label Wallonie en Fleurs prend son sens tant pour récompenser les bonnes pratiques que pour fournir aux équipes communales des conseils et une grille de critères, véritable guide de bonnes pratiques en matière de végétalisation.
Mais pourquoi investir dans une végétalisation et un fleurissement durable ?
Les raisons sont nombreuses et touchent tant à l’amélioration du cadre de vie, à des questions d’attractivité touristique qu’à des enjeux tels que l’adaptation aux changements climatiques. Concrètement, il existe différents leviers en termes d'organisation et de stratégie pour mener à bien vos projets, et ce, quelque soit le profil de la commune.
Ceux-ci vont être garants d'une stratégie de végétalisation et fleurissement cohérente et pérenne et réussie !
Levier #1 : adopter une dynamique transversale
La végétation et le fleurissement répondent à différents objectifs. Il est préférable d'adopter une vision META à l’échelle de la commune en considérant d’emblée d’impliquer et de collaborer avec les différents département/services concernés, afin de prendre en compte les réalités de chacun·e et de créer une dynamique commune.
Les mots d’ordre sont donc “anticiper”, “penser large” et “communiquer” !
Levier #2 : formation / accompagnement / réseautage
Le conseil d’Adalia 2.0 : établissez un plan de formation qui intègre les thématiques liées à la gestion écologique et, si possible, faites en sorte que plusieurs membres de vos équipes participent ensemble aux mêmes formations, en incluant plusieurs niveaux « hiérarchiques » : de cette manière, vous développerez une compréhension et une vision commune indispensables pour la mise en œuvre des nouveaux aménagements. C’est particulièrement important pour les domaines de formation qui incluent des dimensions stratégiques et long terme, comme l’aménagement des cimetières et la gestion différenciée.
Il ne faut pas non plus négliger l’importance d’aller voir ailleurs ce qui se fait, de s’inspirer et réseauter, que ce soit avec des autres communes ou avec des opérateurs qui peuvent prodiguer des conseils précieux.
Levier #3 : la communication
Le “nerf de la guerre”, et souvent le levier un peu sous-exploité, qui recèle pourtant de nombreux enjeux. Communiquer, via les réseaux sociaux, les bulletins communaux, le site web, des réunions participatives, des panneaux didactiques, permet notamment :
- De faire accepter les nouveaux modes de gestion aux citoyens (on sait combien le changement, l’inconnu, peut faire peur !), de donner du poids et de la légitimité aux projets ;
- De valoriser les aménagements et les efforts des équipes et de motiver (tant les équipes que les citoyens) ;
- De sensibiliser et de mobiliser le public.
Les outils d’Adalia 2.0 pour vous aider à communiquer sont notamment :
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Le kit de communication d’Adalia 2.0, envoyé par mail toutes les 6 à 8 semaines dans les communes (pour les recevoir, envoyez un mail à eve@adalia.be) ;
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La formation "La communication au service de la gestion différenciée", dont la prochaine occurrence est prévue le 2 décembre 2025 (ouverture des inscriptions dès début janvier 2025 sur www.adalia.be/formations) ;
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Un colloque au mois de février 2025, avec des tables-rondes en petits groupes, dont une table-ronde dédiée à la communication et une autre à l’expérimentation d’un outil de sensibilisation ludique.
Levier #4 : l’implication des citoyens et des acteurs privés (en possession de terrain communaux privés)
Plusieurs actions en amont permettront d’augmenter à termes cette implication, comme :
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Identifier des acteurs privés clés (qui peuvent être des citoyens ou groupements de citoyens, des asbl, des agriculteurs, des sociétés foncières) ;
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Montrer l’exemple et maintenir une cohérence ;
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Être un soutien ;
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Valoriser les bons exemples ;
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Effectuer un suivi.
Levier #5 : la sous-traitance
Il est primordial de rédiger des demandes de services claires et précises, en adéquation avec les objectifs de fleurissement et de végétalisation durable, et ce pour éviter les mauvaises surprises dues à des imprécisions. N’hésitez pas à vous faire aider ! Le choix de sous-traitants en adéquation avec les valeurs souhaitées est évidemment essentiel.
Suite aux visites réalisées en 2024, l’équipe de Wallonie en Fleurs pu relever différentes observations, que nous regrouperons en 4 grands domaines d’action :
- La verdurisation de nouveaux espaces pour développer le maillage vert ;
- L’utilisation de méthodes de fleurissement durable variées, qui peuvent être combinées en fonction des endroits (zone de prestige, zone de fauche tardive, parterres mixtes, des cimetières végétalisés, des aménagements favorables aux pollinisateurs, des arbustes et vivaces, des fleurissements en zone minéralisée) ;
- Des nouveaux dispositifs pour la gestion de l’eau (couvre-sols et paillage, revêtements perméables, dallage...) ;
- La préservation et le développement du patrimoine arboré.
Pour plus de détails, retrouvez la présentation complète d’Adalia 2.0 ici.
Les retours d’expérience : s’inspirer / échanger / réseauter
I. Végétalisation et fleurissement durables au service de la rénovation urbaine
Par Laurent Degallaix, Maire de Valenciennes (Communes 4 fleurs au concours Villes et villages fleuris)
“ Comment la gestion des espaces verts et la végétalisation se déroulent-elles au-delà de nos frontières ? ” Après une mise en contexte utile concernant la ville de Valenciennes, Laurent Degallaix souligne d’emblée l’importance d’associer les citoyens (enfants, comités de quartier…) aux projets afin d’assurer la durabilité dans le temps des projets et de limiter les incivilités. Il note d’ailleurs une réduction des incivilités depuis que les citoyens sont plus impliqués.
Cette implication passe, à Valenciennes, par différentes actions dont :
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La création de jardins partagés ;
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La mise en place et la pérennité du concours de maisons fleuries dans le centre historique ;
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Le fleurissement de certains espaces de prestige qui devient attendu et crée l’événement. Les zones de prestiges permettent de sensibiliser les citoyens à la démarche de verdissement de la ville. Ensuite, ces derniers sont plus enclins à voir de nouvelles initiatives de végétalisation. Les choix des thématiques des massifs d’annuelles sont élaborés à partir de plusieurs sources d’inspirations et permettent d’impliquer directement les publics :
- Les écoles : les enfants font des ateliers pour créer des dessins des massifs de fleurs ;
- Les comités de quartier ;
- Les jardins partagés ;
- La création de parcours reliant les quelques 150 statues (reproductions d’artistes de Valenciennes) disséminées dans la ville, itinéraires qui traversent les espaces fleuris.
Laurent Degallaix mentionne également l’importance d’instaurer des clauses obligatoires de végétalisation dans les permis d’urbanisme.
Selon lui, les trois clés de la réussite des projets de fleurissement sont :
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Une volonté politique partagée par les élus et l’opposition ;
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L’implication des agents et le fait de leur donner les moyens d’être “au top” (en se formant, en laissant remonter les informations du terrain…) ;
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Le partage avec la population : laisser la possibilité de faire des propositions permet aux citoyens de s’approprier véritablement les lieux.
II. Comment impliquer les citoyens dans la stratégie de fleurissement/végétalisation durable ?
Par Isabelle Mainil, éco-conseillère au sein de la commune labellisée de Honnelles :
Isabelle Mainil revient sur les raisons de leur participation au label, en indiquant qu’elle a été la première à composer l’équipe du service environnement. De nombreuses activités ont ensuite progressivement vu le jour au fil des années et l’équipe s’est complétée, avec actuellement deux jardiniers et deux fossoyeurs.
Une petite équipe, du temps et beaucoup de motivation, mais pas seulement !
Un des points forts de la commune est de parvenir à impliquer les citoyens dans les différents projets environnementaux et de sensibilisation :
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Les écoles, via différents projets comme l'organisation d’un grand nettoyage de printemps ou encore l’installation de potager dans les écoles, avec un petit élevage de poule et poussins ;
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Des personnes en situation de handicap, qui participent à des travaux de plantation ;
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Le grand public : par exemple, le “tout Honnelles” était présent afin de planter une haie et mettre des mots aux pieds des arbres. D’autres chantiers participatifs sont également organisés et les citoyens sont aussi impliqués dans l’entretien et l’aménagement des cimetières ;
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Les enfants de la commune via la plantation de fruitiers par le collège communal des enfants.
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La journée de l’arbre est devenue la journée phare de l’année et l’occasion de sensibiliser à différentes thématiques environnementales.
Isabelle Mainil indique également avoir instauré des chartes de convivialité, élaborées après des discussions entre la commune, les agriculteurs et les citoyens.
Elle ajoute qu’ils organisent chaque année des visites de Wallonie en Fleurs pour les citoyens afin de montrer ce que la commune met en place. Une belle manière de valoriser le travail de l’équipe et de sensibiliser les citoyens, l’air de rien !
Pour plus de détails, consultez la présentation de la commune de Honnelles ici.
III. Développer une stratégie de gestion durable des espaces verts
Par Laurent Frederick, responsable service espaces verts, et Fabienne Clarinval, chargée de projets environnement pour la commune labellisée de Messancy.
Impliquer les enfants dans les projets liés à la biodiversité : un des leviers clés
Fabienne Clarinval et Laurent Frédérick sont notamment très intéressés par le fait d'impliquer les enfants dans des projets liés à l’environnement : un conseil communal des enfants a d’ailleurs été créé et a lancé l’idée d’un jardin partagé repris dans le réseau nature. 200 mètres de haie fruitière ont également été plantés par les enfants, et un professeur particulièrement motivé organise avec les élèves différentes activités telles que la création de spirales aromatiques.
Des projets ont par ailleurs vu le jour, comme la plantation de prairies fleuries, et d’autres sont d'ores et déjà prévus à l’agenda, comme la restauration d’une zone humide dans le cadre de BiodiverCité.
Un label “1 fleur”, des projets plein la tête et quelques défis.
L’équipe de Messancy est aussi consciente des défis qui l’attendent : elle indique rencontrer une certaine difficulté pour changer les habitudes, avec des remarques négatives sur les tontes différenciées ou encore la végétalisation d’un cimetière. Un autre défi rencontré concerne la communication interne au sein de la commune, avec un manque de transversalité. Une décision a alors été prise, avec l’arrivée de la nouvelle législature, de supprimer le service environnement ; l’objectif étant par cette mesure d’instaurer plus de transversalités entre les services.
Pour plus de détails, consultez la présentation de la commune de Messancy ici.
Conclusion
Si chaque commune peut témoigner d’un contexte et d'enjeux variés, nous notons également la récurrence de solutions qui ont pu porter leurs fruits. Nul doute que parvenir à impliquer les citoyens soit un des ces ingrédients clés pour le succès des projets verts sur les territoires communaux. Les idées sont nombreuses et peuvent être déclinées sous différentes formes, avec un peu de temps, une pincée de persévérance et une bonne dose créativité,
de l’organisation d’un petit événement à une grande fête annuelle, de la création d’un parterre thématique à une végétalisation de plus grande ampleur qui fait parler d’elle, d’une classe qui possède son petit potager à un conseil communal des enfants qui veut créer un jardin partagé.
- En savoir plus sur le label Wallonie en Fleurs : www.wallonieenfleurs.be
- Voir le communiqué de presse du palmares 2024
- Télécharger le Palmares 2024
- Téléchargez les photos de la cérémonie et des communes lauréates
Plus de conseils en matière de fleurissement et de végétalisation durable : contactez Perrine Lombaerts (photo à gauche), Maïlys Duqué (photo centrale) ou Maïté Loute (photo à droite).
Nous tenons à remercier chaleureusement les différents intervenants pour leur présence et leurs partages, nos partenaires du monde associatif et du secteur public, ainsi que la jardinerie labellisée Progarden- Jardinerie Marcipont pour la décoration de l'espace.
Avec le soutien de la Région Wallonne.
Un article rédigé par Florine Lafontaine, chargé de projet évènementiel.