« Les mauvaises herbes foisonnent dans les cimetières », « C’est un manque de respect pour les défunts », « Ce n’est plus entretenu », « Que fait la commune? », « La guerre aux mauvaises herbes »,…. Depuis le 1er juin et l’instauration du « zéro phyto » en Wallonie, les critiques et les articles négatifs ne cessent de fuser dans les médias et sur les réseaux sociaux.
En effet, depuis cette date, les services communaux ne peuvent plus utiliser de pesticides pour l’entretien des espaces publics, cimetières et terrains de foot y compris. Souvent, cela a entraîné un changement de décor avec l’apparition d’herbes indésirables dans ces espaces.
Concrètement, cette réglementation européenne met donc fin à une pratique qui a pris son essor dans les années 60. Fini le pulvérisateur, il faut maintenant laisser la place au désherbage alternatif, pratique demandant plus de temps (7 à 8 passages/an).
Si cette législation vise à protéger la santé (des ouvriers et des citoyens) et l’environnement (respect de la qualité des sols, des eaux de surface et souterraines, conservation de la faune et la flore locale), le contexte communal actuel (manque de personnel et de moyens) ne facilite pas la mise en place du « zéro phyto ». Il est en effet difficile d’avoir un résultat identique avec les machines de désherbage à celui qu’on obtenait avec les pesticides. Il a donc fallu changer sa manière de travailler et surtout changer de regard sur les « mauvaises herbes ». Que de changements !
La gestion différenciée, une piste à explorer !
Cette manière de travailler nous vient de France et consiste à adapter l’entretien en fonction du rôle et de la fréquentation du lieu. Concrètement, un terrain de foot ou les abords d’une maison communale seront entretenus de manière plus intensive qu’un espace enherbé à l’écart de la commune ou un sentier forestier. Le but de cette méthode est de gagner du temps sur certains espaces pour permettre d’entretenir d’autres lieux comme les cimetières à l’aide de machines de désherbage. Il ne s’agit donc pas d’un retour en arrière comme certains le pensent, mais d’un changement d’approche (nécessaire) dans la gestion de nos espaces publics.
Des exemples convaincants et encourageants
Afin de pallier, aux nombreux articles négatifs, voici plusieurs exemples d’aménagements réalisés par les communes wallonnes prouvant que le « zéro phyto » n’est pas une utopie. Positivons un peu !
Les cimetières, point noir du « zéro phyto »
Lieu sensible pour les citoyens, les cimetières font l’objet d’énormément de critiques. En effet, il est difficile d’accepter qu’un proche repose au milieu d’herbes folles et cela est tout à fait compréhensible. Néanmoins, comme pour les autres espaces publics, les cimetières n’ont pas dérogé à la règle et le « zéro phyto » y est également d’application.
Les communes ont donc dû mettre en place différentes alternatives afin que les cimetières ne soient pas envahis de végétation. Certaines se sont tournées vers les désherbeurs mécaniques, certains ayant fait leurs preuves dans les surfaces en graviers. D’autres ont préféré enherber plutôt que désherber en semant du gazon à la place des allées en gravier. Cette technique comporte plusieurs avantages dont un entretien limité à de la tonte et des adventices moins visibles, noyées dans cet océan de verdure.
Et les autres espaces ?
Afin de libérer du temps pour gérer les espaces sensibles, d’autres espaces sont entretenus de manière plus extensive. Il n’est donc plus rare de voir apparaître des prairies fleuries ou des prairies de fauche dans les parcs communaux. Du paillage est placé dans les parterres de fleurs (composés le plus possible de vivaces) afin de limiter l’arrosage et l’entretien. Le fauchage tardif est une alternative de plus en plus généralisée et les sentiers en dolomie sont progressivement remplacés par du gazon comme dans les cimetières.
Le rôle du citoyen
Nous sommes tous concernés par cette nouvelle législation et nous avons tous un rôle à jouer. Désherber son trottoir et entretenir sa tombe est à la charge des citoyens dans la plupart des communes. Auparavant, la commune pouvait se permettre de réaliser cette tâche mais cela était possible avant l’apparition du « zéro phyto ». Dorénavant, les communes n’ont plus de temps à consacrer à ce travail.
Le « zéro phyto » ne touchant pas que les ouvriers communaux, il est également interdit pour le particulier de pulvériser son trottoir à l’aide d’un produit phyto. Le sel, le vinaigre ou toute autre recette maison dite “naturelle” sont également interdits pour désherber.
Il est également primordial de sortir de ce « stéréotype » qui poursuit le personnel communal depuis de nombreuses années. Certaines communes doivent quelques fois gérer 15 cimetières avec deux ouvriers. Difficile de trouver du temps pour se tourner les pouces. Les citoyens ont donc également un rôle de soutien par rapport aux services techniques. Les exemples présentés ci-dessus montrent bien que les ouvriers méritent plus de reconnaissance.
La propreté, une notion subjective
Les « mauvaises herbes » font office de boucs émissaires en terme de propreté. Nous n’avons pas la même réticence envers les mégots de cigarettes ou les canettes se trouvant sur la voirie. Ce sont pourtant eux qui provoquent une pollution contrairement aux herbes présentes entre deux pavés. Il ne faudrait donc pas se tromper de cible et essayer d’accepter petit à petit la présence d’un pissenlit sur le trottoir ou d’autres plantes sauvages, qui peuvent en plus contribuer à la sauvegarde de nos pollinisateurs.