Les syrphes : des mouches qui ont le bourdon

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Qu'est-ce qu'un syrphe?

Le terme de « syrphe » est utilisé de façon générale pour parler des mouches de la famille des Syrphidae, même si d’autres noms peuvent désigner des genres plus spécifiques comme les éristales ou les volucelles.

La famille des Syrphidae fait partie de ces insectes peu connus du grand public mais que l’on croise pourtant très souvent, beaucoup plus qu’on ne le pense.     
Ce sont des mouches communes de nos jardins que nous ne reconnaissons cependant pas toujours car nous nous laissons duper par leur camouflage. Ces insectes sont mimétiques des abeilles et des guêpes et sont particulièrement convaincants. Il n’est d’ailleurs par rare de voir dans des ouvrages peu spécialisés une photo de syrphe avec pour légende « abeille ».     

Comment les reconnaître?  
Outre leurs couleurs qui font penser à une abeille ou une guêpe, les syrphes se reconnaissent par des critères clefs facilement identifiables.           


Premièrement, Il est important de bien comprendre que ce sont des mouches, des diptères, qui sont des insectes forts différents des abeilles qui, elles, sont des hyménoptères. Les mouches, comme leur nom scientifique l’indique (diptères) ont deux ailes. Les abeilles, et les hyménoptères en général ont quatre ailes. Les ailes des syrphes ont également une caractéristique facilement observable : les lignes présentent sur les ailes (qu’on appelle des nervures) forment un dessin particulier. Ce dessin ne touche pas le bord de l’aile et, en son milieu, présente une nervure effilée appelée vena spuria (ou fausse nervure).

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Deuxièmement, les abeilles ont des yeux qui prennent moins de place sur la tête de l’insecte, tandis que les mouches ont des yeux plus volumineux qui peuvent parfois se toucher.

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Enfin, les antennes des abeilles sont longues, filiformes et coudées tandis que celles des mouches sont plus petites et jamais filiformes et coudées. Dans le cas particulier des syrphes, leurs antennes forment une petite massue aplatie suivie d’un petit flagelle qu’on appelle « arista ». 

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Bien entendu, beaucoup d’autres critères permettent de les distinguer mails ils sont plus difficiles à observer à l’œil nu.       
 

Pourquoi s'y intéresser?
Les syrphes sont des alliés précieux de nos jardins et d’importants acteurs de la biodiversité. Le groupe des syrphes est en fait le deuxième plus grand groupe de pollinisateurs, derrière les abeilles ! Par ailleurs, les larves de plusieurs espèces se nourrissent de certains ravageurs du jardin comme les pucerons.         
Malgré leur importance, l’état de conservation de ce groupe a été relativement peu étudié jusqu’à présent. Pour pallier à ce manque de connaissances, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a récemment rendu un rapport qui met en avant une problématique bien trop répandue de nos jours : Le déclin des espèces.  
L’UICN a mené la première grande étude à l’échelle continentale sur l’état de conservation des Syrphidae pour créer une liste rouge des espèces menacées. Les conclusions de cette étude montrent dans un premier temps que ces insectes sont d’une importance capitale pour la biodiversité et donc pour notre alimentation et notre agriculture. Elle met également en avant l’immense diversité de ce groupe qui compte 890 espèces en Europe.            Malheureusement, l’agriculture intensive, l’utilisation abusive de pesticides, la perte, la dégradation et la fragmentation des habitats sont les causes principales du déclin de 314 de ces espèces (soit 35%). L’agriculture intensive à elle seule (ainsi que tous les problèmes qui en découlent) a d’ailleurs été identifiée comme ayant un impact négatif sur plus de la moitié des espèces présentes en Europe.

Des mesures de protection de certains milieux (comme les zones humides ou les vieilles forêts) sont indispensables pour préserver ces animaux ainsi que beaucoup d’autres. Il est également important, lorsque l’on plante des espèces végétales, de choisir au maximum des espèces indigènes et sauvages, aussi bien pour les prairies fleuries que pour les haies. Dans les champs, la plantation de bandes fleuries et de haies indigènes sont d’ailleurs des pratiques qui participent à mettre en place une agriculture durable et qui ont été identifiées comme bénéfiques pour les syrphes.          
 

Nous pouvons, nous aussi, agir à notre échelle en étendant les recommandations de l’UICN à nos jardins qui peuvent être accueillants pour la biodiversité, à condition d’éviter les pesticides et de laisser un peu de place à la nature sauvage. Nos jardins peuvent servir de connexion entre les grandes réserves de biodiversité. Ces connexions sont tout aussi importantes que les réserves en elles-mêmes car elles permettent aux populations de se déplacer pour satisfaire à leurs besoins écologiques en formant ce qu’on appelle des corridors écologiques.

 

Article de l’UICN: 
https://www.iucn.org/fr/node/37487?fbclid=IwAR2MoVYtu6x7SLr2uVCe9On6n8Pijuof3dFdk7yd4cDbll5vBUbCNROOGI4