Le déclin des insectes, principalement dû à la raréfaction des milieux naturels, est de plus en plus inquiétant. Les insectes pollinisateurs n’échappent pas à ce constat. Or, en ville et dans les espaces fortement urbanisés, les fleurs des parcs et des jardins peuvent constituer une source non négligeable de nourriture pour ces derniers, pour autant que l’on soit attentif au choix des plantes utilisées.
Parmi les insectes pollinisateurs, on cite souvent l’abeille domestique (ou mellifère - Apis mellifera), qui produit du miel. Mais, nombre d’autres abeilles et insectes visitent nos fleurs : les bourdons et les autres abeilles dites « sauvages », les syrphes, les papillons et les coléoptères. Voyons comment accueillir au mieux tout ce petit monde chez nous.
Avant toute chose, une recommandation probablement inutile pour la majorité d'entre vous : limitons au maximum tout traitement phytosanitaire qui est toxiques tant pour les ravageurs, que pour les auxiliaires, sans distinction !
Attention également aux produits dits “écologiques” qui seraient à base de pyrèthre, d’acides gras… qui présentent également les mêmes risques, compte-tenu de leur large spectre d’action.
Leur fournir le gîte...
Il est important de leur laisser des espaces naturels de nidification, pour traverser l’hiver et pour leur reproduction. Préconisez les tas de branches et de feuilles mortes, les tiges herbacées, les vieilles souches d’arbres, des pierres, des sols nus ... dans vos espaces verts et jardins.
Quelques exemples concrets :
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Les abeilles sauvages nichent majoritairement dans le sol mais certaines vont rechercher de petites cavités comme des branches creuses, des murs en pierres sèches ou même des galeries creusées par d’autres animaux dans du bois mort.
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Les bourdons se plairont sous terre dans des cavités du sol déjà creusées (anciens terriers de rongeurs par exemple), sous une couverture de mousses ou de feuilles ou encore dans d’anciens nids d’oiseaux.
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Les syrphes hivernent sous les paillis, dans les interstices d’un vieux mur, sous une écorce ou cachés parmi le feuillage des persistants.
Dans un but plus pédagogique et afin de faciliter l’observation de quelques espèces, vous pouvez fabriquer de petits abris à insectes monospécifiques (i.e. constitué d’un seul type d’abri) à partir de tiges creuses, de bûches de bois percées ... en fonction du matériau choisi, vous favoriserez la venue de certaines espèces. N’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet (lien vers le KIT abris à insectes mono spécifiques).
Vous pouvez aussi découvrir quelques abeilles sauvages ainsi que leur écologie grâce au guide « Un jardin pour les abeilles sauvages. Comment les accueillir, les observer et les protéger » (Terzo & Vereecken, 2014).
….et le couvert grâce aux plantes mellifères
La nourriture des pollinisateurs, essentiellement le pollen et le nectar, est fournie par les plantes mellifères et nectarifères, mais pas n'importe lesquelles. Certains pollinisateurs “généralistes” ne se montrent pas difficiles. D’autres dits “spécialistes” sont inféodées à des plantes hôtes indigènes spécifiques et donc nécessaires à leur reproduction et leur alimentation.
La morphologie, la couleur et l’odeur des plantes peuvent, entre autres, jouer un rôle dans cette spécialisation qui résulte d’une longue co-évolution entre les abeilles et les plantes. Ainsi, si les plantes exotiques peuvent attirer les pollinisateurs, il n’est pas certain qu’elles répondent à leurs besoins (quantité de pollen ou de nectar, apports nutritionnels, digestibilité) car ce ne sont pas ces espèces ou ces variétés qui ont fait l’objet de la coévolution. Les pollinisateurs de nos régions sont en revanche parfaitement adaptés à l’utilisation des plantes indigènes. Elles conviennent donc mieux à nos insectes.
Par ailleurs, certaines plantes exotiques peuvent devenir envahissantes (les plantes invasives) et avoir des conséquences néfastes pour les populations de pollinisateurs en dégradant le milieu ou en supplantant une ressource essentielle pour certaines espèces.
Donc, même si certaines espèces d’origine exotique peuvent avoir une action mellifère, la prudence est de mise ! Renseignez-vous bien avant d’implanter de nouvelles essences quelque part.
L’idéal est de viser la diversité et les essences indigènes, en créant par exemple des zones dédiées aux espèces sauvages (spontanées et semées) ! Et dans le monde du végétal, la diversité ne manque pas. Les familles botaniques sont nombreuses :
Quelques exemples :
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Les rosacées (pommiers, cerisiers, fraisiers, sorbier des oiseaux…)
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Les lamiacées (thyms, romarin, menthe, sauge...)
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Les fabacées (gesse, mélilot, trèfle...)
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Les astéracées (bardane, cardère sauvage, chardon, cirse des champs, pissenlit, scabieuse, la carotte sauvage, l'ortie…)
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Au potager, cultivez des fèves, courgettes, tournesol, tomates... et laissez fleurir quelques choux, oignons, roquettes et salades.
Dans les champs, n’oubliez pas nos amies messicoles (bleuets et centaurées, nielles des blés, chrysanthèmes des moissons, coquelicots...).
En bonus, n’hésitez pas à consulter la liste (non-exhaustive) de quelques plantes de nos régions proposées par l’ASBL Ecowal!
Favorisez également l’allongement de la période de floraison, entre autres en prévoyant des plantes précoces et tardives !
Assurez-vous d’avoir des plantes dont les floraisons se succéderont au fil des saisons pour garantir un maximum de nourriture à nos pollinisateurs. Donnez de la place aux espèces qui fleurissent longtemps, comme l’achillée mille-feuille (juin à septembre).
Certaines périodes de l’année sont cruciales pour les pollinisateurs qui pourraient alors manquer de nourriture. Pensez aux fleurs à bulbes telles que le perce-neige et la jonquille, qui sortent à la fin de l’hiver. En automne, les insectes butineurs peuvent encore profiter des floraisons tardives du lierre, de la succise des prés ou même des ronces.
Les arbres et arbustes sont aussi de bons pourvoyeurs de fleurs, notamment lors des périodes « creuses ». On peut, par exemple, compter sur les fleurs de noisetier et de saule marsault dès février, sur celles du frêne et du prunellier au début du printemps, et sur les bruyères et callunes en automne.
En bonus, papillons, abeilles et syrphes apprécieront également un petit point d’eau accessible et peu profond (récipient avec de petits cailloux) afin de pouvoir s’abreuver en évitant de se noyer.
Vous trouverez d’excellents exemples dans l’ouvrage “Vers un fleurissement favorable aux pollinisateurs” édité par le SPW.
Ou parmi notre série d’article sur les plantes mellifères au fils des saisons :
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“Quelles plantes attirent les pollinisateurs au printemps” https://www.adalia.be/actualites/articles/les-plantes-de-printemps-leur-interet-pour-les-pollinisateurs
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“Plantes mellifères d’été” https://www.adalia.be/quelles-plantes-attirent-les-pollinisateurs-en-ete