Plantons local et indigène avec le label « Végétal d’ici »

Comprendre la terminologie des plantes pour un jardinage local et indigène 

On entend de plus en plus parler dans le monde horticole de notions tel qu’indigène, exotique, invasive... Pour s’y retrouver, voici quelques définitions simples : 

Une plante peut être :  

  • Sauvage ou spontanée : pousse spontanément sans intervention humaine (parfois prénommée « mauvaise herbe »).

  • Indigène : originaire du territoire considéré, elle y est présente naturellement, sans avoir été déplacée par l’humain.

  • Exotique : déplacée volontairement ou accidentellement hors de son aire d’origine (où elle est indigène...) par l’humain.

  • Naturalisée : plante exotique qui s’est adaptée à un nouvel environnement et qui est capable de s’y reproduire. 

  • Exotique envahissante (synonyme : invasive) : plante exotique naturalisée qui se développe au détriment d’espèces indigènes. Elle constitue une menace pour la biodiversité et les services fournis par les écosystèmes (production végétale, épuration de l'eau, pollinisation, etc.). Elle peut aussi causer d'importantes nuisances socio-économiques.

  • Horticole : obtenue par croisements pour obtenir des caractéristiques particulières (couleurs, taille de fleur, parfum, résistance aux maladies, etc.).

  • Locale : provenant de graines ou de boutures récoltées sur des plantes poussant naturellement dans les milieux naturels d’une région donnée.

Tableau rendant compte de la complexité de la question de l’indigénat.  

Végétal d'ici
LACROIX (Pascal) et al., 2008

Pourquoi favoriser les plantes indigènes locales ?  

Végétal d'ici
Figure 1

Les plantes indigènes sont originaires du territoire considéré et y sont présentes naturellement. Elles sont adaptées à leur environnement, notamment au sol, au climat, ainsi qu’aux autres espèces qui y vivent, en particulier les insectes pollinisateurs. Elles nécessitent donc moins d’entretien ou d’arrosage et favorisent l’épanouissement des autres espèces animales et végétales avec lesquelles elles interagissent.  

Le bénéfice des plantes indigènes vis-à-vis de la biodiversité locale s’explique par une longue coévolution et une spécialisation de différentes espèces. Certains insectes, par exemple, sont inféodés à une seule plante indigène. Sans cette plante, l'insecte disparait.  

Pour donner un des nombreux exemples, c’est le cas de papillons tel que le Paon du jour (Aglais io), la Petite tortue (Aglais urticae), La Pyrale de l'ortie (Anania hortulata), le Vulcain (Vanessa atalanta), la Noctuelle à museau (Hypena proboscidalis), la Plusie à lunettes (Abrostola triplasia) Le Robert-le-Diable (Polygonia c-album) qui dépendent tous les 8 totalement ou en partie d’une seule plante souvent mal aimée ... l’ortie.  

C’est également le cas de nombreuses abeilles solitaire tel que l’Andrène de la Bryone (Andrena florea), la Colètte du lierre (Colletes hederae), et bien d’autres espèces dont la plante à laquelle ils sont inféodés est souvent dans leur nom.  

AbeillesAbeilles

Nous pouvons comprendre assez facilement que la biodiversité d’un espace sera donc fortement liée à la diversité de plantes et plus particulièrement de plantes indigènes.  

Figure 2 (gauche) et 3 (droite)

Et les plantes exotiques ?  

Certaines plantes exotiques, qui viennent parfois d’autres continents, ne sont pas adaptées aux jardins wallons et nécessitent beaucoup de soins (arrosages fréquents, modification du substrat, protection des gelées hivernales...). Cela représente donc un certain “coût” en ressources et en temps. 

D’autres plantes exotiques sont au contraire “trop” bien adaptées et peuvent devenir « envahissantes », c’est-à-dire qu’elles peuvent se développer de façon très importante, au détriment des espèces indigènes. Outre l’occupation de l’espace, elles peuvent transporter des pathogènes ou modifier les conditions du milieu, ce qui perturbe d’autant plus l’équilibre des écosystèmes. Lorsqu’elles s’échappent dans la nature, la biodiversité locale est alors menacée. 

 Par exemple : 
  • Renouées asiatiques, 

  • Arbre aux papillons (buddleia) 

  • Rhododendron pontique 

  • Cotoneaster horizontal 

  • Laurier-cerise 

  • Vignes vierges 

  • etc.  

Végétal d'ici
Parthenocissus spp. / Coteaux de la Semois envahis par Parthenocissus sp. À proximité d’Herbeumont © Etienne Branquart 

 

Afin d’illustrer l’importance des plantes indigènes en comparaison aux plantes exotiques pour soutenir la biodiversité : il est plus intéressant de tolérer la présence de quelques orties dans le jardin plutôt que de planter un buddleia (pourtant communément appelé « arbres aux papillons »). En effet, vous accueillerez ainsi durablement plusieurs espèces de papillons indigènes dans votre jardin. 

Pour en savoir plus sur les plantes exotiques envahissantes, n’hésitez pas à consulter notre rubrique sur les plantes invasives et notre fiche technique sur les invasives

Connaissez-vous la charte « Végétal d’ici » ?  

Lancée en 2023, la charte Végétal d’ici, vise à garantir d’une production locale et durable d’espèces indigènes d'arbres et d’arbustes. 

Les objectifs de la charte sont de :  
  • Garantir au client qu’il recevra des plants de qualité issus d’une production locale

  • Favoriser la récolte de semences locales adaptées au territoire wallon. 

  • Permettre aux producteurs locaux de valoriser leur savoir-faire et d’assurer leur indépendance grâce à l’utilisation et à la récolte de semences locales bien adaptées au territoire wallon. 

  • Réduire l’empreinte écologique en valorisant une production en circuit court en Wallonie. 

  • Développer une filière économique au service de la biodiversité et de la résilience du patrimoine naturel wallon. 

  • Éviter les risques de pollutions génétiques via des plants de haies et/ou forestiers et/ou des plantes herbacées provenant de zones géographiques non appropriées. 

« L’esprit de la charte « Végétal d’ici » et les garanties qu’elle offre reposent sur la responsabilité et l’engagement mutuel de chacun de ses membres. C’est une belle façon de végétaliser la Wallonie avec des plants adaptés, tout en soutenant les producteurs de la région. » (SPW, 2023) 

La Semaine de l’arbre 2024  met les plantes indigènes et locales au-devant de la scène avec la charte Végétal d’Ici

Dans le cadre de l’appel à projets BiodiverCité, le montant maximum de la subvention, de 12.000 € par bénéficiaire et par an, est réparti de la manière suivante : 

  • 10.000 € maximum pour les fiches-actions ; 

  • 2.000 € maximums spécifiquement dédiés à l’achat de plants pour la distribution de la « Semaine de l’arbre ». 

Dans le cadre de l’appel à projets « BiodiverCité – 2023 », si une commune s’engage à commander et distribuer un minimum de 30% de plants produits sous les critères de la charte Végétal d’ici, elle peut augmenter le montant destiné aux distributions de la Semaine de l’Arbre et répartir de la manière suivante les 12.000 euros de subvention « BiodiverCité » : 

  • 9.500 € maximum pour les fiches-actions ; 

  • 2.500 € maximums spécifiquement dédiés à l’achat de plants pour la distribution de la « Semaine de l’arbre ». 

Ces plants seront distribués lors de la Semaine de l’Arbre 2024, dont la thématique sera justement Arbres et arbustes indigènes

Trouvez des plants indigènes et locaux chez signataire de la charte : vegetaldici.be/membres/   

En guise de conclusion, planter des espèces indigènes et locales ne revient-il pas également à conserver notre patrimoine paysager et naturel ? ... 

Un article de Louis Noël et Bernard Drosson, conseillers techniques pour les professionnels.

Sources 

Ressource pour planter des haies :  

Images